Dans un cas sur deux, la prise en charge médicamenteuse classique par antidépresseurs ou antiépileptiques ne soulage pas les patients atteints de douleurs neuropathiques. Des chercheurs de l'Institut des neurosciences de Montpellier (INSERM/Université de Montpellier) et du Laboratoire d'innovation thérapeutique (CNRS/Université de Strasbourg) proposent dans « Nature Communications » un nouveau prototype de médicament anti-FLT3 contre ces douleurs chroniques, qui affectent 7 à 10 % de la population.
« Cette découverte s'est faite en deux temps, explique Didier Rognan du laboratoire d'innovation thérapeutique à Strasbourg. Dans un premier temps, l'équipe de Jean Valmier à Montpellier a découvert le rôle inattendu de la molécule FLT3 dans les douleurs chroniques. C'est dans un second temps que mon équipe est intervenue en concevant par ordinateur une petite molécule capable de bloquer sélectivement FLT3. »
Quand le nerf perd sa barrière protectrice
Les chercheurs montpelliérains ont mis en évidence pour la première fois que la molécule FLT3 est impliquée dans les douleurs neuropathiques chroniques et comment. La douleur neuropathique est secondaire à une lésion des nerfs périphériques, qu'elle fasse suite à un diabète, un cancer, un zona ou qu'elle soit provoquée par un traumatisme (accident, chirurgie).
« L'étude montre à quel niveau a lieu l'activation gâchette à l'origine de la chronicisation des douleurs, explique Didier Rognan. Quand le nerf est agressé, les cellules immunitaires sanguines affluent au niveau du site de lésion et libèrent de la cytokine FL. Avec la disparition de la barrière protectrice nerveuse, cette cytokine, exceptionnellement, peut se lier au récepteur FLT3 situés sur les terminaisons nerveuses. »
Un phénomène d'auto-entretien à bloquer
Il s'ensuit alors une réaction en chaîne à l'origine de la douleur : FLT3 induit et maintient la douleur en agissant très en amont sur d'autres constituants du système sensoriel. « L'administration d'une molécule spécifique anti-FLT3 a permis dans des modèles animaux de prévenir la douleur, poursuit Didier Rognan. Notre prototype marche mieux chez l'animal que la prégabaline, l'une des molécules les plus prescrites dans les douleurs neuropathiques. L'administration d'une dose a permis de bloquer la douleur 3 heures après l'injection et pour un effet persistant pendant 2 jours. »
Pour arriver à ce résultat, l'équipe strasbourgeoise a passé au crible trois millions de molécules possibles afin d'obtenir une candidate anti-FLT3 ciblant spécifiquement la cible d'accrochage de la cytokine FL. Le défi à venir est d'aller plus avant dans le développement de la molécule. « Pour valoriser notre découverte, nous avons créé avec Jean Valmier la start-up Biodol Therapeutics, précise Didier Rognan. Nous espérons finaliser la phase 1 d'une forme injectable à l'horizon 2020. » Alors que l'équipe travaille en parallèle à la mise au point d'une forme orale, la commercialisation d'une forme injectable de la molécule anti-FLT3 n'est pas à attendre avant 2024.
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