Un nombre inédit de blessés, des blessures psychiques de guerre, des soignants et secouristes sévèrement ébranlés, des enfants traumatisés : la série sanglante d'attentats en 2015 et 2016 a conduit les acteurs de la prise en charge médico-psychologique à une profonde réflexion autour de leurs pratiques.
Les leçons du 13 novembre ont d’ores et déjà été prises en compte à Nice : en particulier la nécessité d'une mobilisation en nombre des professionnels de l'urgence médico-psychologique, pour recevoir les victimes pendant plusieurs semaines après le drame. Ou encore, la mise en place de cellules d'urgences médico-psychologiques (CUMP) dans plusieurs sites, au plus proche des habitants, préférée à un dispositif hospitalo-centré. Enfin, le renforcement du réseau pour repérer les perdus de vue ou gérer les rechutes imprévisibles s'est révélé une évidence, actée par le déblocage de moyens financiers et humains dédiés à la coordination, par le ministère de la Santé.
De premiers textes législatifs ont entériné ces évolutions dès le printemps ; d'autres, inspirés par le groupe de travail permanent des CUMP devraient voir le jour, et servir de base à un livre blanc publié en 2017. Enfin, sociétés savantes et responsables des CUMP planchent activement sur la question de l'articulation avec l'après, dans un contexte où les structures de soins sont débordées, ou pas toujours formées aux soins post-traumatiques.
Lumière sur le stress post-traumatique
La recherche a été grandement sollicitée en 2016 contre la barbarie. Santé publique France a lancé deux enquêtes épidémiologiques : la première, IMPACTS, qui suit 190 civils et 232 professionnels touchés par les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, Hypercacher, Damartin-en-Goële) a déjà livré de premiers résultats. La seconde, ESPA, vise à mieux comprendre l'impact psychotraumatique du 13 novembre. Elle s'articule avec le grand programme du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) « 13 novembre », coordonné par l'historien Denis Peschanski et le neuropsychologue Francis Eustache, pour étudier comment se construisent les mémoires individuelles et collectives, à travers une cohorte de 1 000 personnes suivies pendant 10 ans. Également raccrochée au programme 13 novembre, l'étude biomédicale « Remember », explore les liens entre mémoire et état de stress post-traumatique (ESPT).
Toujours sur le stress-post traumatique, l'AP-HP et le fonds MSDAvenir ont lancé l'étude clinique « Paris Mémoire vive » (Paris Mem), qui évalue l'efficacité d'une nouvelle technique : le blocage de la reconsolidation des souvenirs à l'aide du propranolol, béta-bloquant génériqué.
Enfin, le CNRS soutient 66 projets de recherche autour des attentats dans toutes les disciplines, l'un, sur l'ESPT (traité cette fois par EMDR), voisinant avec d'autres sur les attaques biologiques et chimiques, la radicalisation, les enjeux géopolitiques, ou encore les médias, réseaux sociaux, et le cinéma.
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