Comprendre l’impact des conditions climatiques sur la viabilité du SARS-CoV-2 est crucial dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et l’adaptation des mesures de contrôle de la propagation du virus.
Dans cette optique, l’Académie de médecine recommande « d’intégrer le facteur climatique dans les modélisations du phénomène épidémique et de prendre en compte les prévisions météorologiques dans les instances décisionnelles relatives à la gestion de la crise sanitaire Covid-19 ».
Un R0 corrélé aux températures
Elle appuie sa position sur une enquête réalisée sous son égide. Soumise à publication, l’étude révèle que « l’indice de diffusion, de 2,67 en Europe pour une température moyenne de 11,2 °C, s’abaisse à 0,03 en Afrique sub-saharienne où la température moyenne s’élève à 34,8 °C », indique l’Académie dans un communiqué du 25 mai.
Cette estimation a été établie à partir des données collectées par un réseau de 19 médecins, pharmaciens et cadres de santé exerçant dans différentes zones du globe : en zone tempérée (France et Italie), en zone africaine intertropicale (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali, Togo, Gabon) et dans les DOM/TOM (Guadeloupe, Martinique, La Réunion, Mayotte, St Martin, St-Barthélemy, Nouvelle-Calédonie).
Relevés météorologiques, recensement des cas confirmés « importés » ou « autochtones », taux d’hospitalisation et de décès ont été rassemblés et analysés en prenant en compte les densités de population des zones étudiées ou encore les mesures locales de lutte contre l’épidémie.
Ces résultats confirment ceux d’une équipe chinoise qui avait quantifié la corrélation entre température et hygrométrie, d’un côté, et circulation du virus et nombre de décès, de l’autre : « Une augmentation de 1 degré de température étant associée à une diminution de 3,1 % des nouveaux cas et de 1,2 % des décès », rappelle l’Académie.
Elle invite ainsi à « ne pas négliger le risque de résurgence épidémique de Covid-19, notamment en France métropolitaine, surtout si la circulation du SARS-CoV-2 persiste dans l’hémisphère sud pendant l’été, en renforçant les capacités de surveillance, de prévention et de riposte dès le mois de septembre ».
Le rôle de l'immunité
D’autres projections aboutissent pourtant à une position plus nuancée sur la relation entre climat et circulation du SARS-CoV-2. Des travaux publiés dans « Science » n’excluaient pas une circulation saisonnière du virus sur le long terme, mais insistaient sur son impact limité en l’absence d’une immunité suffisante dans la population pour freiner la propagation du virus. « Nous constatons une certaine influence du climat sur l’ampleur et la temporalité de la pandémie, mais, en général, parce que la population est vulnérable, le virus se propage rapidement quelles que soient les conditions climatiques », soulignait ainsi Rachel Baker, chercheuse à Princeton et première auteure de l’étude.
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