La prédominance de Gardnerella vaginalis dans le microbiote vaginal, plutôt que des bactéries de type Lactobacillus, est associée à une moindre efficacité des microbicides contenant du ténofovir (en application intravaginale) en prévention de l’infection à VIH.
C’est ce que suggèrent les résultats de l’essai CAPRISA (centre for the AIDS program of research in South Africa) 004, mené en Afrique du sud sur 688 femmes à haut risque, et publié dans « Science ». Les auteurs ont en effet observé que deux types principaux de communautés bactériennes étaient retrouvés chez les femmes participant à l’étude : l’un dominé par Lactobacillus (ce qui concernait 59,2 % des femmes), l’autre par G. vaginalis (40,8 % des femmes).
L’application intravaginale de gel à base de ténofovir réduisait de 61 % l’incidence du VIH chez les femmes dont la flore était majoritairement composée de Lactobacillus, et de seulement 18 % chez celles dont la flore était majoritairement composée de G. vaginalis. Soit une efficacité trois fois supérieure du microbicide chez les premières !
Explication de l’efficacité variable du ténofovir chez les femmes
Des résultats encourageants avaient déjà été obtenus quant à la protection obtenue par un microbicide à base de ténofovir dans un précédent essai CAPRISA. Toutefois l’essai CAPRISA qui avait montré un taux de protection de 54 % d’un gel à base de tenofovir (1 %) n’a pas été confirmé sur une plus grande échelle et a dû être arrêté pour manque d’efficacité. Pour expliquer cet échec dans la majeure partie des cas, les chercheurs avaient émis l'hypothèse que les protéines présentes dans le sperme pourraient expliquer ce manque d'efficacité.
Ici, les auteurs ont constaté une quantité inférieure de ténofovir sur les prélèvements de femmes dont la flore était dominée par G. vaginalis. Ces bactéries anaérobies métabolisent plus rapidement la molécule, et l’inactivant donc avant qu’elle n’ait pu exercer son effet. Cette étude permet donc de comprendre les résultats assez décevants du ténofovir en prévention chez les femmes. Elle pourrait avoir des implications dans le design des études cliniques à venir ainsi que dans le choix des programmes de santé publique en la matière.
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