L’étude publiée dans « Clinical Infectious Disease » est prospective et multicentrique, menée par le groupe de l’ANRS-EPF (Enquête périnatale française) qui suit la cohorte des femmes enceintes infectées par le VIH1 s’est concentrée sur les résultats du sous-groupe des femmes suivies en France métropolitaine entre 2000 et 2011.
Au total, 8 678 femmes enceintes séropositives et recevant un traitement antiretroviral (TARV) efficace ont été inclues. Parmi elles, 80 % connaissaient leur séropositivité avant leur grossesse. Une femme sur cinq apprend encore sa séropositivité pendant sa grossesse. Seulement 47 % (n = 4 095) des femmes recevaient un TARV avant la conception (8 % le débutait lors du 1er trimestre, 32 % lors du 2e, et 12 % lors du 3e) et 70 % d’entre elles le poursuivaient durant toute la grossesse sans interruption. Parmi les femmes qui débutaient le TARV tardivement (2e et 3e trimestres), 60 % connaissaient pourtant leur séropositivité avant de tomber enceinte. Des chiffres qui mettent en lumière l’importance d’améliorer l’accès aux soins et le suivi de ces patientes.
Introduction précoce du traitement et observance
Le taux de TP allait de 0,2 % parmi les femmes traitées avant conception à 2,8 % chez celles traitées au 3e trimestre. Une CV VIH1 ‹ 50cp/ml pendant la grossesse et le début du TARV avant la conception étaient indépendement associés à des taux de TP bas. Les rôles respectifs de l’introduction précoce du TARV et de l’indetectabilité à la naissance sont difficiles à départager en pratique, puisque ces 2 paramètres sont fortement liés : la proportion de femmes ayant des charges virales (CV) VIH1 ‹ 50 cp/ml à l’accouchement est plus importante parmi celles ayant débuté un TARV avant la conception.
L’introduction précoce du TARV et le maintien de l’indétectabilité lors de la grossesse, particulièrement à l’accouchement, semblent en tout cas être les déterminants majeurs de la prévention de la transmission périnatale. L’âge de la mère, son origine géographique, le mode et le terme de l’accouchement, ou encore la présence d’une prophylaxie péri- et post-natale n’étaient pas corrélés au taux de TP.
Introduction du TARV en pré-conceptionnel
Selon les auteurs, la prescrition pré-conceptionelle du TARV optimiserait la prévention de la transmission in utero et per-partum en améliorant la restoration immunitaire de la mère, et en réduisant la quantité de virus dans la filière cervico-vaginale. Par ailleurs, cela permet d’adopter une stratégie antirétrovirale unique chez la femme, en choisissant un traitement adapté à la grossesse d’emblée, évitant ainsi la « rupture » que peut représenter une modification du traitement lors de la grossesse. Le TARV permettra également de protéger le partenaire au moment de la conception.
Enfin, en terme de sécurité d’emploi, aucune augmentation de l’incidence des malformations n’a été rapportée avec les TARV autorisés pendant la grossesse, et si le taux de prématurité était plus élevé parmi les femmes de la cohorte que dans la population générale, il n’y avaint aucune différence entre les femmes traitées en pré-conceptionnel et les autres. Ces résultats constituent un argument fort pour traiter toutes les femmes qui envisagent une grossesse, et les femmes enceintes le plus précocément possible.
Cette attitude va dans le sens des nouvelles recommandations françaises, qui préconisent la mise sytématique sous traitement des personnes séropositives pour le VIH, du fait des effets bénéfiques à long terme au plan individuel mais aussi collectif en prévenant de la transmission.
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