L'identification d'une tuberculose (TB) active plusieurs mois avant l'apparition des symptômes permettrait de traiter précocement et de contrôler le risque de transmission à l'entourage. Un test sanguin sur 20 gènes reflétant la réponse immunitaire de l'hôte ouvre une voie prometteuse en ce sens, suggère une étude préliminaire dans « Nature Communications ».
La signature développée par une équipe de l'Institut Francis Crick de Londres et de l'université de Leicester en collaboration avec BIOASTER et bioMérieux en France et l'université de Cap Town en Afrique du Sud s'est révélée spécifique et sensible chez des sujets ayant une TB active par rapport à d'autres ayant une forme latente ou une maladie virale grippale.
Un enjeu de santé publique
Près de deux milliards d'individus sont infectés par la mycobactérie, mais seulement 10 % vont développer une forme active. Si les 90 % de formes latentes sont un réservoir potentiel, la taille de la population cible compromet fortement la mise en place de stratégies en santé publique. La piste visant à discriminer les formes actives de TB encore asymptomatiques des formes latentes est plus réaliste.
Précédemment, l'analyse du transcriptome entier au sein de cohortes avait permis de caractériser une surreprésentation des gènes inductibles par l'interféron et une sous-représentation des gènes des cellules B et T dans la tuberculose active. La difficulté est qu'il existe une grande proximité entre les formes actives et latentes mais aussi que certains des gènes les plus actifs lors d'une TB le sont aussi lors d'infections virales comme la grippe.
Un suivi de 2 ans chez une centaine de proches
Dans ce travail en plusieurs étapes, l'équipe du Pr Anne O'Garra du Francis Crick Institute a d'abord sélectionné un panel restreint de 20 gènes clefs en comparant des profils issus de plusieurs cohortes, TB active vs TB latente, TB active vs autres maladies virales, grippe vs contrôles. À partir d'une cohorte de 53 patients ayant une TB active à Leicester, les chercheurs ont suivi 108 contacts proches pendant 2 ans. Tandis que les sujets sains n'avaient pas de signature soutenue, 6 des 9 patients ayant développé une TB active ont présenté une signature forte et prolongée.
Si cette signature sur 20 gènes s'est révélée plus performante que les précédentes, notamment sur le caractère discriminant par rapport à la grippe, « il reste encore beaucoup de travail à faire », souligne le Dr Pranabashis Haldar, de l'université de Leicester et coauteur senior, au vu du faible effectif de l'étude de suivi.
« Cette étude est une preuve de concept prometteuse (...), estime le Pr O'Garra. La prochaine étape est de développer et tester des signatures génétiques différentes dans des groupes plus larges, dans le but d'être capable de proposer des tests validés aux patients dans les 10 ans à venir. »
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation