Une étude française de l'INSERM et de l'AP-HP a mis en évidence le rôle des IgA dans l'organisation du microbiote intestinal. Ces résultats sont publiés dans « Science Translational Medicine ».
Le rôle des IgA, anticorps les plus nombreux après les IgG, est assez peu connu et souvent réduit à une fonction de défense contre les « mauvaises bactéries ». L'étude du déficit en IgA chez l'Homme, qui concerne 1 caucasien sur 500, apporte un éclairage nouveau. « Les IgA nous aident à coexister avec les bactéries à travers un rôle immunorégulateur de l'écologie bactérienne », résume pour le « Quotidien » le Pr Guy Gorochov, un des auteurs de l'étude (centre d'immunologie et des maladies infectieuses-Paris).
En cas de déficit des IgA, les IgM prennent partiellement le relais
Les IgA ont en effet un rôle régulateur sur les différentes bactéries qui composent la flore du tube digestif. « Les IgA empêchent qu'une espèce de bactérie prenne trop de place au détriment d'une autre. Cette régulation permet la diversité du microbiote, essentielle à son équilibre », explique le Pr Gorochov.
L'analyse métagénomique du microbiote fécal de patients déficitaires en IgA et de sujets sains a montré que la diversité du microbiote des premiers était relativement similaire à celle des seconds. En effet, il semblerait que les IgM compensent l'absence des IgA, mais partiellement seulement, puisque toutes les bactéries ne sont pas aussi bien régulées par les IgM. Par exemple, plus de bactéries potentiellement pathogènes comme E. Coli ont été observées chez les patients déficitaires. À l'inverse, les « bonnes bactéries » sont moins représentées. En l'absence d'IgA, le microbiote se retrouve ainsi désorganisé, ce qui montre le rôle « structurant » des IgA.
Les désorganisations liées au déficit peuvent être à l'origine d'infections respiratoires légères ou d'atopie notamment. À long terme, le déficit en IgA peut évoluer vers un déficit immunitaire commun variable (déficit de tous les anticorps). « En montrant que l'absence d'IgA entraîne des déséquilibres de la flore intestinale, nous soulignons l'intérêt de suppléer les patients déficitaires en IgA », note le Pr Gorochov.
L'empreinte microbienne dans le système immunitaire : un biomarqueur d'intérêt
Le Pr Gorochov souligne également la relation à double sens entre système immunitaire et microbiote : « Les IgA façonnent la flore microbienne, mais les microbes ont également un effet profond sur le développement de notre système immunitaire ». Il ajoute : « Cette empreinte microbienne représente un nouveau biomarqueur intéressant, différent d'un individu à l'autre, qui pourra sans doute expliquer certaines susceptibilités à des maladies. »
Une étude publiée dans « Science » s'est également intéressée aux IgA en montrant qu'en cas d'injection de la bactérie Bacteroides fragilis chez des souris, les IgA favoriseraient leur maintien. « Ces résultats confortent notre interprétation des données humaines », estime le Pr Gorochov.
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