Les molécules utilisées dans le traitement de l'Alzheimer (donézépil, rivastigmine, galantamine et mémantine) seront déremboursées à compter du 1er août 2018, indique un arrêté publié ce 1er juin au « Journal Officiel ». Les médicaments Aricept, Ebixa, Exelon et Reminyl et leurs génériques étaient jusqu'à présent remboursés à hauteur de 15 % par l'Assurance-maladie, pour un coût de quelque 90 millions d'euros en 2015.
La décision de la ministre de la Santé était imminente depuis la publication par la Haute Autorité de santé (HAS), le 25 mai dernier, d'un guide consacré au parcours de soins de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée (MAMA). L'existence d'un protocole de soins avait été posée comme condition préalable au déremboursement de ces molécules par Marisol Touraine en 2016.
Sa successeure Agnès Buzyn suit ainsi l'avis rendu en octobre 2016 par la commission de la transparence (CT) de la HAS qu'elle présidait jusqu'à son entrée au gouvernement. La CT avait jugé l'efficacité de ces médicaments faible, et relevé des effets indésirables digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques pouvant être graves et nécessiter l’arrêt définitif du traitement (jusqu’à 30 % d’arrêt dans les études cliniques).
« Les soins dans le cadre de la maladie d’Alzheimer reposent avant tout sur une prise en charge pluridisciplinaire adaptée », soulignent dans un communiqué la Direction générale de la santé et la Direction de la sécurité sociale. « Il s’agit d’une mesure prise dans l’intérêt de la santé des citoyens et qui permettra de renforcer la prise en charge coordonnée des patients concernés », lit-on encore. Et de conclure sur l'importance de la recherche de nouveaux traitements efficaces pour lutter contre la maladie d'Alzheimer.
Agnès Buzyn a promis au micro d'Europe 1 ce 31 mai que « tout l'argent qui va être économisé sera intégralement réorienté vers l'accompagnement des personnes, soit pour les centres mémoire soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge ».
Des soutiens chez les généralistes
Si les patients (France Alzheimer) et cinq sociétés savantes ont immédiatement protesté contre cette décision, le déremboursement a en revanche été salué par le Collège de la médecine générale (CMG).
L'instance, qui a contribué à l'élaboration du guide de la HAS, répond en douze points aux critiques des anti-déremboursement, concluant que le rapport bénéfice clinique/risque est faible voire nul pour ces médicaments. Elle se veut vigilante sur le déploiement des thérapeutiques non médicamenteuses, et entend participer aux recherches scientifiques destinées à apporter des bénéfices médicaux et psychosociaux aux patients atteints de MAMA.
MG France estime « logique » le déremboursement de médicaments dont l'inefficacité a été démontrée, et plaide en faveur du travail de l'équipe de soins primaires. « Coordination des soins autour du patient, projet thérapeutique, mesures légales et médico-sociales, accompagnement du patient et de ses proches sont les quatre axes d’une prise en charge réussie », réagit le syndicat, en demandant une revalorisation des actes réalisés à domicile par le médecin traitant (visite longue).
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