Pas de quoi pavoiser : seuls trois syndicats de médecins libéraux – MG France, la FMF et le BLOC – ont donc signé la nouvelle convention médicale après six mois de négociations. Les deux autres syndicats, la CSMF et SML, avaient rejeté le texte dans la matinée, par un vote en assemblée générale. Cette configuration, loin des espoirs initiaux de la CNAM et du gouvernement, aboutit de fait à un accord a minima, et qui ne sera pas porté sur le terrain par la principale centrale polycatégorielle historiquement conventionniste, la CSMF, une première depuis 1997 et la grande fronde médicale contre le plan Juppé.
La Confédération qui réunira son Université d'été du 9 au 11 septembre situe désormais son combat sur le terrain politique et de la précampagne présidentielle. La centrale de Jean-Paul Ortiz établit d'ailleurs un lien direct entre cette convention qu'elle a refusée à 62,9 % des voix et la loi de santé massivement rejetée par la profession...
Même du côté des signataires, les syndicats qui se sont engagés n'ont pas fait preuve d'un enthousiasme démonstratif, invoquant une signature pragmatique, de raison ou même de combat. Le signe d'un climat toujours tendu entre l'exécutif et la médecine libérale, en dépit du satisfecit de Nicolas Revel, le directeur de la CNAM, et de Marisol Touraine.
Des signataires qui ne triomphent pas
Malgré les sommes conséquentes en jeu (1,3 milliard d'euros de dépenses remboursables en année pleine lorsque toutes les mesures seront en vigueur), la colère médicale n'est donc pas retombée et plusieurs syndicats insistent sur les prochaines batailles.
Interrogé à chaud après la séance de signature, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, a jugé que « tout reste à faire » et qu'il n'était pas question de donner un quitus à Marisol Touraine avec cette signature. Le leader de la FMF a assuré vouloir changer les choses « de l'intérieur ».
Le BLOC, qui a qualifié d'« historique » son entrée dans la convention, a également prévenu que la convention n'était qu'une étape. « En mai 2017, quelle que soit la majorité, le BLOC ne donnera pas son blanc-seing sur de bonnes intentions mais sur des actes », a ajouté le syndicat majoritaire dans les spécialités sur plateaux techniques.
« L'ouvrage ne s'achève pas avec la signature », a résumé aussi MG France. Le syndicat de généralistes précise que le fait de signer « est un acte courageux » et fait valoir que la convention consacre « pour la première fois une part significative des sommes disponibles à la médecine générale ».
Des mesures « ponctuelles » pour l'Ordre
À la tête du SML qui a massivement refusé le texte (95,5 % des voix), le Dr Éric Henry affiche un objectif clair : faire la tournée des « présidentiables » pour peser sur l'avenir de la médecine libérale. Le syndicat n'exclut pas pour autant de rejoindre la convention plus tard. « On ne peut pas être hors convention pendant cinq ans, nous nous donnons une fenêtre de tir de neuf mois à un an », a précisé le Dr Henry.
Même le président de l'Ordre des médecins, le Dr Patrick Bouet, y est allé de son petit couplet critique. Dans une interview au Figaro, le Dr Bouet évoque une convention contenant « des mesures ponctuelles », ajoutant que le système de santé « mérite bien plus ». Il souhaite que la santé ne soit pas oubliée de la campagne 2017. « Nous nous battrons pour imposer ce thème dans le débat », promet-il.
Quant aux syndicats d'étudiants et de jeunes médecins, ils estiment avoir été « ignorés » par leurs aînés et jugent que la convention 2016/2021 prolonge un modèle d'exercice « obsolète ».
Tarifs, calendrier : en savoir plus sur la nouvelle convention médicale.
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