Dans une publication accélérée du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 19 juin, Santé publique France dévoile les résultats de son enquête CoviPrev portant sur les mesures de prévention préconisées par les pouvoirs publics pour limiter la propagation du SARS-CoV-2. « Nos résultats témoignent d’un haut niveau d’adoption des mesures de prévention pendant la période de confinement, quels que soient les profils de populations, avec en moyenne plus de cinq mesures systématiquement adoptées sur les sept recommandées par les pouvoirs publics », indiquent les auteurs de l'étude.
Dès le 17 mars, Santé publique France a mis en place un dispositif permettant d'évaluer le niveau d'adoption par les Français de ces mesures sous la forme d'une série d'enquêtes réalisées en cinq vagues (30 mars-1er avril, 14 au 16 avril, 20 au 22 avril, 28 au 30 avril, 4 au 6 mai), au cours desquelles des échantillons de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus ont répondu à un questionnaire en ligne.
Phénomène d'habituation
En moyenne, 5,42 mesures ont été adoptées en moyenne par les Français sur les sept recommandées, avec toutefois une diminution au cours des semaines. Le nombre de mesures adoptées est effectivement passé de 5,66 lors de la première vague à 5,25 lors de la dernière. Pour expliquer ce phénomène, les auteurs évoquent « une baisse de la perception du risque du fait d’un processus d’adaptation et d’habituation ».
Les sept mesures prises en compte sont les suivantes : se laver régulièrement les mains ; saluer sans serrer la main et arrêter les embrassades ; tousser dans son coude ; utiliser un mouchoir à usage unique ; rester confiné à la maison ; limiter toutes formes d’interactions ; et garder une distance d’au moins un mètre. Les mesures « se saluer sans se serrer la main et arrêter les embrassades » et « limiter toutes formes d’interactions » ont été les mieux respectées, respectivement par 91,3 et 85,8 % des répondeurs.
« Les mesures de prévention les plus systématiquement adoptées dans notre enquête ont été les mesures de distanciation physique, sans doute largement favorisées par les mesures de confinement mises en place par le gouvernement », estiment les auteurs.
Une adoption des mesures stable pour les 18-24 ans
Le respect du port du masque, préconisé plus tardivement, a été analysé à part. Il s'agit de la seule mesure à avoir connu une progression, avec un taux d'adoption de 14,1 % au début du confinement et de 38,8 % début mai.
L'adoption des mesures a été évaluée en fonction du profil de la population. Il en ressort que les hommes, les populations les plus jeunes, les CSP-, les inactifs, les personnes ayant un plus faible niveau de littératie en santé* et les personnes ayant continué à travailler à l’extérieur de leur domicile ont adopté en moyenne moins de mesures de prévention. Au contraire, les personnes ayant eu un proche présentant des symptômes de Covid ont respecté un nombre plus élevé de mesures.
Par ailleurs, le nombre de mesures de prévention adoptées a diminué au cours du confinement pour toutes les tranches d'âge, à l'exception des 18-24 ans, pour lesquels ce nombre est resté stable.
La norme sociale, un facteur important d'adoption des mesures
L'enquête Coviprev a aussi permis de déterminer quels étaient les facteurs associés à l'adoption d'un grand nombre de mesures. Il s'agit en premier lieu de l'approbation et de l'adoption des mesures par les proches (norme subjective), de la capacité perçue à adopter les mesures mises en place et de la gravité perçue du Covid-19.
« Dans la perspective de la reprise de l’épidémie de Covid-19 ou de prochaines épidémies, un des enjeux sera la (ré)adoption par la population des comportements de prévention, considèrent les auteurs. À ces fins, nos résultats suggèrent que les leviers les plus importants à travailler pour favoriser l’adoption de ces comportements sont la norme sociale et l’auto-efficacité (capacité perçue à mettre en œuvre les mesures préconisées) ».
*Définition de Santé publique France : On entend par ce terme la motivation et les compétences des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l'information en vue de prendre des décisions concernant leur santé.
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