Alors qu'en Europe la situation se stabilise, l'Afrique, loin derrière le reste du monde dans la course à la vaccination, est frappée par une 3e vague brutale de coronavirus, qui met sous pression des hôpitaux en manque de moyens et déjà éprouvés.
Le continent a jusqu'ici évité les scénarios catastrophes observés au Brésil et en Inde. Avec près de 5,3 millions de cas et 139 000 décès, l'Afrique reste le continent le moins touché au monde après l'Océanie, selon un décompte AFP.
Mais depuis six semaines (mi-mai), « la troisième vague s'accélère, se propage plus vite et frappe plus fort », a martelé ce 24 juin la directrice Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Matshidiso Moeti, selon qui « cette vague risque d'être la pire ». Le continent a enregistré cette semaine la plus forte accélération de la contagion (+ 25 %).
La résurgence du virus sur le continent coïncide avec une lassitude des mesures barrières, la propagation de variants plus contagieux et l'hiver en Afrique australe où se concentrent 40 % des cas.
Afflux sans précédent de patients, notamment jeunes
En Afrique du Sud, pays officiellement le plus touché sur le continent avec 35 % des infections, 1,9 million de cas et 59 400 décès, les médecins sont confrontés à un afflux sans précédent de malades. Le pays est l'un de ceux qui ont connu le plus de contaminations quotidiennes au cours de la semaine écoulée (13 000, +42 %).
« Ce que nous voyons actuellement est différent de la première ou de la deuxième vague », décrit la responsable de l'Association sud-africaine des médecins, Angelique Coetzee. La Namibie et la Zambie voisines voient aussi les courbes du Covid prendre des trajectoires exponentielles. Le ministre zambien de la Santé a récemment évoqué des morgues surchargées. La Namibie a durci les mesures sanitaires.
Le ministre ougandais de la Santé a signalé à l'AFP de nombreux jeunes dans les hôpitaux, autre différence par rapport à la deuxième vague. Comme l'Afrique du Sud, le pays tente d'augmenter les soins à domicile pour les cas les moins graves, mais les réserves en oxygène manquent. L'Ouganda a de nouveau décrété un confinement.
La 3e vague touche également des pays relativement épargnés jusqu'ici, comme le Liberia et la Sierra Leone, en Afrique de l'Ouest. « La situation est bien plus alarmante qu'il y a un an », a déclaré le président du Liberia, George Weah, décrivant des hôpitaux remplis de malades en difficulté respiratoire.
Moins de 1 % de la population vaccinée
Cette troisième vague survient à un moment où les livraisons de vaccins sont quasi à l'arrêt sur le continent. Selon l'OMS, moins de 1 % de la population est entièrement vaccinée. « C'est une course contre la montre, la pandémie est en avance sur nous. En Afrique, nous ne sommes pas en train de remporter la bataille contre le virus », avertit le Dr John Nkengasong, directeur des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies.
Une flambée des cas en Inde, principal fournisseur de vaccins d'AstraZeneca, a retardé les livraisons par le biais du dispositif Covax de l'OMS. Mais en plus du manque d'approvisionnement, le continent a accumulé les défaillances. Des pays ont dû détruire des doses arrivées à leur date de péremption (20 000 doses au Makawi, plus de 2 millions en République démocratique du Congo et au Sud-Soudan) ou objets de malfaçons (2 millions de doses perdues en Afrique du Sud).
À ce jour, 18 pays africains ont épuisé la quasi-totalité des vaccins envoyés par l'OMS. Face à la pénurie, « nombreux sont ceux qui ont l'impression d'attendre la mort », dénonce Deprose Muchena, de l'ONG Amnesty International, dans un communiqué. La colère gronde en Afrique du Sud, où quelques milliers manifestants ont réclamé ce 25 juin dans les rues de Pretoria l'accélération de la vaccination. Seulement 2,5 millions de Sud-Africains sur 59 millions ont reçu une dose à ce jour, principalement des personnes âgées et des soignants.
Au niveau mondial, le Brésil et l'Inde sont largement en tête du classement macabre des décès quotidiens, avec respectivement 1 877 et 1 440 morts par jour cette semaine. Le Brésil est le pays ayant enregistré le plus grand nombre de nouvelles contaminations en valeur absolue cette semaine (77 300 cas quotidiens, +10 %), devant l'Inde (54 600, -26 %) et la Colombie (28 600, +3 %).
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