La Haute Autorité de santé (HAS) considère qu'il est désormais possible de vacciner des enfants et adolescents ayant présenté un syndrome inflammatoire multi-systématique pédiatrique (PIMS) après une infection au Sars-CoV-2, à condition d'attendre trois mois après la guérison. Une décision qui pourrait concerner les quelque 1 022 cas de PIMS signalés entre mars 2020 et fin février 2022 en France.
Pour étayer son avis du 18 mars qui revient sur le précédent d'août 2021 (en faveur d'une contre-indication), la HAS se fonde sur l’absence de preuve d’un lien possible entre les vaccins contre le Covid-19 et les (très rares) cas de PIMS dans l’analyse du PRAC (Pharmacovigilance Risk Assessment Committee) de l'Agence européenne du médicament. Elle a aussi pris en compte l’efficacité de la vaccination pour réduire de manière significative les cas de PIMS et l'absence de données disponibles sur le risque de second PIMS chez les enfants ou adolescents ayant un antécédent de PIMS. Et pour s'assurer de l'acceptabilité de la mesure, la HAS a consulté l'avis du groupe d'expertise Copil PIMS France, qui s'est positionné en faveur de cette vaccination, ainsi que les recommandations de plusieurs pays qui vont en ce sens (Australie, Canada, États-Unis, Irlande, Royaume-Uni).
Détecter les symptômes prolongés
Dans un second avis, la HAS livre de premières réponses pratiques pour repérer et prendre en charge des symptômes prolongés (Covid long) chez l'enfant et l'adolescent, qui pourraient toucher 2 à 5 % d'entre eux.
L'accent est mis sur la précocité du diagnostic, qui doit commencer par une anamnèse détaillée, retraçant l'historique des symptômes, et un examen clinique de l'enfant. « Si la grande majorité des enfants voient leurs symptômes évoluer favorablement, souvent en moins de trois mois, d’autres ont besoin d’un temps de récupération plus long et peuvent être sujets à des rechutes », lit-on.
Si les symptômes ne se sont pas améliorés en moins de 4 semaines, ou en cas d'anomalie repérée, un bilan complémentaire doit être réalisé dans un second temps. Il s'agit d'éliminer une complication rare liée à la Covid-19 (myocardite, péricardite, PIMS…) ou de dépister une autre maladie sans lien avec le virus.
Cinq axes de prise en charge
Enfin, la prise en charge doit être précoce, globale et pluridisciplinaire. « L'engagement du médecin traitant est primordial pour animer la relation thérapeutique avec la famille et l’enfant », souligne la HAS, qui définit 5 axes :
– définir des objectifs propres à chaque patient dans différents domaines (scolaire, social, loisirs, pairs, sport, activité physique, vie familiale), à réévaluer en fonction de l'évolution du jeune ;
– réguler les différentes activités : adapter leur rythme, recourir à la rééducation à l’effort, veiller au sommeil et à l'alimentation ;
– soutenir l'enfant et la famille par de l'écoute, si besoin psychologique ;
– limiter l'impact social en aménageant l'école, le sport, etc. ;
– prescrire si besoin des traitements médicamenteux (antalgique, psychotrope en collaboration avec un pédopsychiatre).
Pour des formes plus graves prolongées ou complexes, la HAS recommande un suivi multidisciplinaire ou en milieu hospitalier, avec des explorations plus approfondies. Et de rappeler l'existence des fiches HAS sur les symptômes prolongés de Covid-19 chez l’adulte qui peuvent apporter des compléments d’information selon les symptômes.
La prophylaxie Evusheld dès 12 ans
Enfin, dans un troisième avis, la HAS élargit la population pour laquelle l'accès précoce au traitement prophylactique Evusheld (association des deux anticorps monoclonaux tixagévimab et cilgavimab) est autorisé aux enfants à partir de 12 ans (et non seulement 18 ans), ayant un déficit de l’immunité lié à une pathologie (cancer…) ou à des traitements (dialyse) et faiblement ou non répondeurs après un schéma vaccinal complet ; ou non éligibles à la vaccination et à haut risque de forme sévère. La HAS rappelle néanmoins que cette prophylaxie ne saurait être un substitut à la vaccination : le port du masque et le respect des gestes barrières restent donc recommandés pour ces adolescents et leurs proches.
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