« Le Conseil scientifique demande au gouvernement de mettre tout en œuvre pour que le bebtelovimab, le seul anticorps monoclonal actif sur BA.5 actuellement, soit le plus rapidement disponible en France ». Dans son dernier avis publié ce 19 juillet, le Conseil scientifique reprend le plaidoyer de l'ANRS-MIE pour l'obtention de doses de ce nouvel anticorps monoclonal. Fabriqué par le laboratoire Eli Lilly, il est autorisé aux États-Unis depuis mars, mais indisponible en France, au grand dam des soignants et des patients, alors que les alternatives thérapeutiques sont réduites face aux nouveaux variants du virus.
Le bebtelovimab garde en effet une activité neutralisante vis-à-vis du lignage Omicron. « Le bebtelovimab est un anticorps monoclonal qui cible particulièrement bien la protéine Spike mutée des sous-variants BA.4 et BA.5 d’Omicron », explique le Pr Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé mondiale de l'université de Genève. Ce qui en fait un traitement rare, alors que la plupart des anticorps utilisés depuis le début de la pandémie (Evusheld, par exemple) se sont par la suite révélés moins efficaces face aux variants d'Omicron.
« Le bebtelovimab est indiqué chez les patients particulièrement vulnérables et à très haut risque de complications sévères du Covid-19, notamment les patients immunodéprimés en raison de leur maladie ou de leurs traitements immunosuppresseurs », ajoute le Pr Flahault.
Pas d'autorisation prévue en Europe
Mais le laboratoire Eli Lilly ne le propose qu'aux patients américains, depuis que les autorités sanitaires américaines lui ont accordé une autorisation dite d'urgence, après des résultats positifs d'une étude clinique chez des patients ayant des symptômes légers à modérés du Covid. Le gouvernement américain lui a passé une première commande de 600 millions de doses en février, avant de commander 150 millions de doses supplémentaires fin juin.
« La compagnie entretient une communication permanente et ouverte avec les autorités de santé du monde entier, afin de comprendre le besoin local de cet anticorps, le bebtelovimab, qui reste pour l’heure expérimental », répond Eli Lilly. Toutefois, « en Europe, au regard des données disponibles considérées comme préliminaires (...), le groupe Lilly ne prévoit ni la mise en place d'un essai clinique de phase 3, ni la mise à disposition du bebtelovimab dans le cadre d'un essai clinique, ni à terme la soumission d'une demande d'autorisation de mise sur le marché pour ce produit », ajoute-t-elle, sans en donner les raisons.
Une position qui ne passe pas, alors que la septième vague de la pandémie de Covid continue de faire des victimes.
« Ce médicament peut sauver des vies, ce n’est pas un médicament de confort. Il faudrait envisager d’en faire un bien public mondial afin de le mettre à la disposition des malades très vulnérables qui pourraient en bénéficier dans le monde entier », plaide ainsi le Pr Flahault.
« Ce médicament est celui qui conserve la meilleure efficacité sur BA.5. Qu'attendent nos autorités de santé européennes pour qu'une licence d'office permette d'en garantir l'accès aux patients immunodéprimés qui en ont besoin ? », interroge sur Twitter l'association de dialysés et d'insuffisants rénaux Renaloo.
De manière générale, la prescription d'anticorps monoclonaux a été faible jusqu'alors, regrette encore le Conseil scientifique. Ainsi, mi-mai, entre 10 000 et 20 000 demandes avaient été acceptées pour des anticorps monoclonaux en France. Entre 50 000 et 300 000 patients immunodéprimés seraient pourtant éligibles.
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