C’EST UNE ENQUETE inédite qui va être lancée d’ici la fin de l’année. Mise en place à l’initiative de l’European Society ou Intensive Care Medecine (ESICM), cette enquête, baptisée Eloïse, vise à mieux comprendre le fonctionnement des unités de surveillance continue (USC) et à y repérer d’éventuels dysfonctionnements. En France, cette étude sera conduite du 7 novembre au 4 décembre sous la coordination du Pr Claude-Denis Martin, chef du pôle anesthésie-réanimation-urgences de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et chef du service de réanimation polyvalente adulte du CHU Nord de Marseille. « Nous allons faire l’analyse du fonctionnement des USC en France, ce qui n’a jamais été fait à ce jour. Plusieurs dizaines d’unités, réparties sur l’ensemble du territoire, ont accepté d’y participer sur la base du volontariat. Cela devrait nous permettre d’avoir un assez bon échantillonnage pour mener à bien à ce travail », indique le Pr Martin, en précisant que « les données françaises feront l’objet d’une extraction particulière au niveau de la base européenne ».
En France, le fonctionnement des USC est réglementé par un décret du 5 avril 2002. « La surveillance continue est pratiquée dans les établissements de santé comprenant une ou exceptionnellement plusieurs unités, si la taille de l’établissement le justifie, organisées pour prendre en charge des malades qui nécessitent, en raison de la gravité de leur état ou du traitement qui leur est appliqué, une observation clinique et biologique répétée et méthodique », souligne ce décret.
Des établissements avec ou sans unité de réanimation.
Les USC constituent un niveau intermédiaire entre les unités de réanimation et les unités de soins classiques. « Ces unités de surveillance ont vocation à prendre en charge des patients dont l’état et le traitement font craindre la survenue d’une ou plusieurs défaillances vitales nécessitant d’être monitorés ou dont l’état, au sortir d’une ou plusieurs défaillances vitales, est trop sévère ou instable pour permettre un retour dans une unité d’hospitalisation classique », explique le Pr Martin, en précisant que les USC ne peuvent en aucun cas prendre en charge de façon prolongée des patients présentant des défaillances vitales ou traitées par assistance ventilatoire. « Les USC ne peuvent pas garder ces patients plus de 48 heures. Au-delà, les patients doivent impérativement être transférés vers une unité de réanimation », indique le Pr Martin.
Ces USC peuvent être situées dans des établissements disposant d’un service ou d’une unité de réanimation. Dans ce cas, elles sont « destinées à utiliser au mieux les capacités d’accueil en réanimation en admettant des patients nécessitant une surveillance ou des traitements que les secteurs d’hospitalisation classique ou les unités d’accueil des urgences ne peuvent assurer, aussi bien en préalable à un séjour en réanimation qu’à sa suite (assumant les fonctions des unités dites de post-réanimation) », comme l’indiquent des recommandations publiées conjointement par la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) et la Société de réanimation de langue française (SRLF).
Les USC peuvent aussi être localisées dans des établissements ne disposant pas d’un service ou d’une unité de réanimation. « L’USC répond ici prioritairement aux besoins des unités d’accueil des urgences et d’hospitalisation ainsi que du bloc opératoire. En l’absence d’unité de réanimation, l’USC peut aussi prendre en charge des patients ayant une défaillance viscérale aiguë suppléée, en particulier par la ventilation mécanique, à la condition qu’une résolution rapide de cette défaillance soit prévisible. Cette résolution doit permettre d’arrêter les moyens de suppléance en quelques heures (œdèmes pulmonaires cardiogéniques, certaines intoxications volontaires, certains malades postopératoires, par exemple) », soulignent les recommandations de la SFAR et de la SRLF. Dans ce cas, les USC fonctionnent en réseau en s’appuyant sur des conventions passées avec des services de réanimation relativement proches où les patients, en situation de défaillance vitale, pourront être transférés.
Des enseignements très attendus.
L’USC ne nécessite pas de garde médicale spécifique. « Mais si un patient présentent des défaillances nécessitant une suppléance (ventilation, hémodialyse aiguë, etc.), le médecin d’astreinte doit rester sur place pour assurer la prise en charge du patient », précise le Pr Martin.
Aujourd’hui, il n’existe aucune donnée permettant de savoir comment fonctionnent les USC et si les patients en situation de défaillance ne sont pas maintenus en surveillance continue au-delà de 48 heures. « C’est la raison pour laquelle cette enquête devrait nous apporter de précieux enseignements. On peut certes penser que les établissements, qui sont volontaires pour y participer, travaillent un peu mieux que les autres. Mais nous n’avons pas les moyens d’aller enquêter dans les USC sans l’accord des établissements. Seules les Agences régionales de santé (ARS) ont cette prérogative et je ne sais pas si elles ont l’intention de s’intéresser à ce sujet », souligne le Pr Martin.
D’après un entretien avec Pr Claude-Denis Martin, chef du pôle anesthésie-réanimation-urgences de l’AP-HM et chef du service de réanimation polyvalente adulte du CHU Nord de Marseille.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation