Alors que le dépistage massif ne semble pas faire ses preuves en France, en raison notamment d’une adhésion insuffisante, l’expérience slovaque, décrite dans « Science », souligne l’intérêt de cette approche dans le contrôle de l’épidémie de Covid, et montre qu’il pourrait être un outil supplémentaire à la portée des politiques publiques.
Le dépistage massif slovaque s’appuie sur les tests antigéniques. Moins performants que les tests PCR pour détecter les faibles charges virales, ils sont plus adaptés au dépistage à grande échelle, du fait d’un résultat obtenu en 15 à 30 minutes et d’un coût moindre. « Le choix du test a été primordial. Nous avons utilisé exclusivement le SD-Biosensor Standard Q, qui se classe très haut dans toutes les études de validation. Il fournit une correspondance de presque 100 % avec la PCR pour les valeurs Ct de 25 ou moins (qui est le seuil effectif de transmission), explique au « Quotidien » Martin Pavelka, épidémiologiste et premier auteur de l’étude. Sa spécificité est supérieure à 99,85 % comme nous l’avons démontré dans notre étude ».
Un système incitatif, mais non obligatoire
Les campagnes de tests ont été menées à l’automne 2020 dans le but de réduire la transmission virale et d’assouplir les mesures de confinement. Au cours d’une phase pilote, les quatre districts les plus touchés du pays ont été testés une première fois du 23 au 25 octobre. En parallèle, a été mis en œuvre le déploiement national (79 districts, soit 4,5 millions d’habitants), les 31 octobre et 1er novembre (cette période est considérée dans l’étude comme le premier tour). Les habitants des 45 districts où la prévalence était jugée élevée ont été testés une seconde fois les 7 et 8 novembre (second tour).
Au total, ce sont 5 276 832 tests antigéniques rapides qui ont été effectués par du personnel médical qualifié au cours de ces campagnes, soit 65 % des habitants des districts de la phase pilote, 66 % des Slovaques lors du premier tour et 62 % lors du second.
« Le dépistage était basé sur un système que je qualifierais de semi-volontaire : le fait de se faire tester n’était pas obligatoire, mais un certificat de test négatif était exigé pour accéder au lieu de travail, aller à la banque, au bureau de poste, etc. Cela a donc incité les personnes à se faire dépister », précise Martin Pavelka.
Une réduction de 58 % de la prévalence en une semaine
Quelque 50 466 Slovaques ont été testés positifs, avec 3,91 % de tests positifs lors de la phase pilote, 1,01 % lors du premier tour et 0,62 % lors du second tour. « Nous avons observé une réduction de 58 % de la prévalence sur une seule semaine grâce à l’effet combiné des mesures. Il s’agit de la réduction la plus importante et la plus rapide de la prévalence que nous ayons jamais vue », résume l’épidémiologiste, insistant sur le fait que le dépistage massif ne doit pas remplacer les autres mesures de contrôle, comme la restriction des contacts sociaux.
À l’aide d’un modèle mathématique, les chercheurs ont montré que, pour être efficace, le dépistage de masse devait aussi être couplé à l’isolement des foyers entiers dès qu’une personne est positive au son sein (et non uniquement la personne positive).
Par ailleurs, le niveau de participation est également un élément clé de la réussite de cette approche. « Nous avons vu l’Autriche essayer de reproduire notre modèle d’intervention, mais cela a échoué parce que moins de 10 % de la population a participé », rapporte Martin Pavelka.
Actuellement, « la Slovaquie demande à tous les résidents qui ne sont pas isolés ou qui ne travaillent pas de chez eux de se soumettre à un test de dépistage hebdomadaire. Environ un tiers de la population se fait tester tous les sept jours », note-t-il, évoquant un taux de reproduction de 0,85.
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