En déplacement ce jeudi à Poitiers sur le thème de la santé, le président de la République, accompagné de Marisol Touraine, a notamment visité la maison de santé pluridisciplinaire des Couronneries puis le CHU, où il a eu droit à un comité d'accueil. Deux à trois cents manifestants l'attendaient, à l'appel de la CGT et du Parti communiste, tenus à l'écart par les forces de sécurité. Une délégation a été reçue par un responsable de l'agence régionale de santé (ARS) et par un membre du cabinet de Marisol Touraine.
Hollande salue son bilan, le TPG, les MSP…
Dans un discours très politique, le chef de l'État s'est livré à un plaidoyer en faveur de la politique de santé conduite depuis 2012, sans oublier de souligner les dangers d'une remise en cause éventuelle de notre « modèle » social. « Il est très important que la Sécurité sociale assure le remboursement du plus grand nombre de soins », a glissé François Hollande, sans toutefois citer le programme de François Fillon. Il a également mis en avant les 31 000 recrutements dans les hôpitaux depuis 2012.
Les Français sont « très attachés à leur système de santé et à la Sécurité sociale », a-t-il martelé, mais aujourd'hui « inquiets ». « Y aura-t-il demain les mêmes niveaux de remboursement ? Le prix des médicaments ne sera-t-il pas trop élevé ? Y aura-t-il toujours des services d'urgence ? Il y a aussi une inquiétude sourde et intense au sujet des déserts médicaux, en ville comme à la campagne », a-t-il diagnostiqué.
Le président s'est employé dans ce contexte à valoriser son bilan : l'amélioration de la couverture par l'assurance-maladie obligatoire « qui rembourse aujourd'hui près de 80 % » des dépenses de santé, mais aussi des dépassements « stabilisés », faisant fi de certaines critiques sur la croissance du reste à charge. Le déficit de la Sécu ? « Nous l'avons diminué, s'est encore réjoui François Hollande, la Sécu est à l'équilibre sauf pour l'assurance-maladie. »
La réforme controversée du tiers payant ? « Ce sera bientôt la règle pour tous, a-t-il lancé, en remerciant au passage Marisol Touraine. Une fois la réforme installée, les Français se demanderont : mais qu'est-ce qu'il y avait avant le tiers payant ? » « Je dis ça pour tous ceux qui pourraient imaginer de revenir sur cette mesure », a-t-il ajouté dans une allusion au programme du candidat de la droite, favorable à la suppression de cette réforme.
« La trace que nous laissons »
Quant aux maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), François Hollande a fait valoir que, durant son quinquennat, leur nombre avait été multiplié par quatre ! « Aujourd'hui, il y en a près de 1 200 ; maintenant, les jeunes choisissent de s'installer quand il y en a une. » Au passage, le président tacle tous ceux, à droite comme à gauche, qui voudraient en finir avec la liberté d'installation. « On ne peut pas contraindre un médecin à s'installer », plaide-t-il, en cohérence avec l'action menée depuis cinq ans.
Autre réalisation à son bilan : la loi sur la fin de vie. Le chef de l'État a rappelé qu'Alain Claeys, député maire de Poitiers, présent à ses côtés, en avait été le coauteur avec Jean Leonetti. « Cette loi a été votée dans le consensus. Elle permet une sédation profonde et continue, et la rédaction de directives anticipées », insiste-t-il, avant d'adopter un ton plus personnel. « Nous réfléchissons tous à la trace que nous laissons, cette loi en fait partie, même si on peut toujours aller plus loin... »
Solidarité et responsabilité privée
Tout n'a pas été fait, reconnaît le président qui juge nécessaire d'aller plus loin, notamment pour mieux rembourser les soins dentaires et plafonner le prix des prothèses. Même souhait pour la prévention et l'éducation en santé, qu'il faut « organiser, car ce sont les plus fragiles qui sont les moins bien informés ».
Le locataire de l'Élysée a enfin abordé la problématique du coût des produits et médicaments innovants. « Ils sont très chers, mais ils guérissent, a-t-il estimé. Jusqu'à quel niveau de prix pourront-ils être utilisés ? » François Hollande a rappelé que certains pays rationnent déjà l'accès à l'innovation, parfois en fonction de l'espérance de vie, d'autres en fonction des revenus du malade. Le président s'est alors fait solennel en se posant une nouvelle fois en défenseur d'un « modèle » français de santé fragile. « L'accès à l'innovation doit-il dépendre de la responsabilité privée ou de la solidarité ? Dans quel pays voulons-nous vivre ? »
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