LE PREMIER à avoir eu accès à ces archives, l’historien Robert Dallek, aidé par le Dr Jeffrey Kelman, indique dans un article paru en 2002 dans le magazine « The Atlantic » : « Les problèmes médicaux continuels de John F. Kennedy, constituent l’un des secrets les mieux gardés de l’histoire récente des États-Unis », et il ajoute : « Ce n’est pas une surprise car si l’étendue de ces problèmes avait été révélée au cours de sa vie, ses ambitions présidentielles auraient probablement été anéanties. »
Après une enfance maladive, John F. Kennedy commence à faire l’expérience de troubles de santé graves dès l’âge de treize ans. Son adolescence et sa jeunesse sont marquées par de nombreuses hospitalisations. Parmi les multiples symptômes dont il se plaint, figurent vertiges, perte de poids, diarrhées et douleurs abdominales sévères. Les médecins suspectent, entre autres, un ulcère gastro-duodénal et même une leucémie. D’après le Dr Kelman, les symptômes décrits à partir de 1934 semblent indiquer une colite et des problèmes digestifs. À 23 ans, il contracte une urétrite.
En 1947, lors d’un séjour à Londres, les médecins diagnostiquent la maladie d’Addison. À partir de cette date, il est traité avec de l’acétate de désoxycorticostérone. En fait, il est possible que ce traitement ait commencé dès 1937.
D’autre part, des problèmes de dos sévères se manifestent dès 1940 et pourraient avoir été aggravés ensuite par son expérience dans la marine où il a réussi à s’enrôler en dissimulant ses problèmes de santé et probablement grâce à l’influence de sa famille, selon Robert Dallek. « En 1944, il subit une laminotomie et une discectomie », affirme au « Quotidien » le Dr Robert Hart, chirurgien orthopédique à l’université de la santé et des sciences de l’Oregon, qui a eu accès aux documents en 2006.
En 1945, il quitte la marine en raison d’une colite chronique. En octobre 1954, il a du mal à marcher et ses mouvements sont très restreints. En dépit de sa maladie d’Addison, il subit une fusion rachidienne ou arthrodèse. La période post-opératoire ne se passe pas bien. Il perd conscience et sa vie est en danger. Par la suite, de nombreuses complications nécessitent de nouvelles interventions chirurgicales et il développera des abcès de façon récurrente. En 1955, des examens suggèrent une hypothyroïdie.
Une dizaine de médicaments par jour
En dépit de tous ces troubles et avec l’aide de ce que Robert Dallek décrit comme une « variété extraordinaire de médicaments », JFK poursuit une carrière politique qui l’amène à la présidence des États-Unis en janvier 1961. Dans un article publié dans les « Annals of Internal Medicine, en 2009, le Dr Lee Mandel rapporte la liste des médicaments du président Kennedy le 12 octobre 1961, « un jour typique », telle qu’elle apparaît dans les notes de son médecin personnel à la Maison Blanche, le Dr Janet Travell. Elle comprend deux prises quotidiennes de 500 mg d’acide ascorbique, 10 mg d’hydrocortisone, deux prises de 2,5 mg de prednisone, 10 mg de méthyltestostérone, deux prises de 25 microgrammes de liothyronine sodique, 0,1 mg de fludrocortisone, et, deux comprimés de chlorhydrate de diphénoxylate associé à du sulfate d’atropine, en cas de besoin.
« J’ai découvert une personne plus complexe que je ne l’imaginais », indique au « Quotidien » le Dr Kelman. « Il éprouvait une grande souffrance physique qu’il devait prendre en compte quotidiennement », commente le Dr Hart. Et en dépit de l’imposture que représente la dissimulation de problèmes graves de santé, Robert Dallek ne peut lui non plus cacher son admiration « au Quotidien » : « Cela a changé l’image que j’avais de lui, Cela m’a permis de réaliser qu’il était stoïque et courageux… ».
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