Au même titre que les rites des morts sont faits pour la paix des vivants, l’ensemble de nos manifestations de solidarité, colère, expression de valeurs face à la barbarie terroriste est d’abord fait pour nous rassurer, nous unir. Ces manifestations sont indispensables mais n’ont pas d’effet dissuasif sur les terroristes voire renforcent leur sentiment de toute puissance et de jouissance. Aussi comprendre cette barbarie, ce qui en aucun cas ne l’excuse, est nécessaire pour la combattre.
Au départ il y a une personnalité. Ce n’est pas un problème d’intelligence ou psychiatrique. Cela paraît être une pathologie de la liberté. Notre culture occidentale qui se mondialise valorise le « construis-toi toi-même, trouve qui tu es et assumes-en la responsabilité ». Elle rejette tout prêt-à-penser, tout prêt-à-vivre, toute hiérarchie des valeurs. Elle place l’Homme face à son libre arbitre mais aussi le néant, l’incertitude, le relativisme de son être. Beaucoup ne peuvent gérer cette nudité de l’Homme libre face à lui-même. Ils vont chercher dans l’idéologie totalitaire une réponse à la panique, à l’insécurité que crée en eux cette liberté, y compris au prix de perdre leur liberté sociale, économique, spirituelle, physique et de détruire celle des autres. Pourquoi notre culture, nos choix sociétaux engendrent-ils un tel désarroi ?
Les idéologies totalitaires ne manquent pas. Celles inspirées par un homme, Führer, petit père des peuples, grand timonier et autres du genre, finissent par s’écrouler car elles sont du domaine du discours humain. Plus pervers est le totalitarisme d’inspiration divine car il interdit à l’Homme par postulat de pouvoir en débattre. Seuls les croyants et leurs autorités peuvent sortir la religion du totalitarisme et de la barbarie. Il ne s’agit pas pour le croyant de s’excuser, de se justifier, ou d’assumer les atrocités commises par d’autres au nom du Dieu. Mais stop aux équivoques. Un Dieu qui réclame sang, souffrance, larmes, victimes sacrifiées, mort, aliénation, s’appelle Satan. Dieu est Amour ou n’est pas. Dieu est la Vie ou n’est pas. Le totalitarisme religieux répond à la formule freudienne de« névrose obsessionnelle de l’humanité » quand le principal devient le respect du rite, l’expression matérielle de la croyance par rapport à ce qui est dans le cœur du croyant. La survalorisation des rites et signes extérieurs imposés de religiosité au détriment du chemin spirituel empreint lui de doute d’intériorité, de liberté, porte les germes du totalitarisme pour soi et les autres. Les religieux doivent redéfinir, recontextualiser les rituels demandés aux croyants, rituels vestimentaires, alimentaires, comportementaux ou autre adaptés au contexte et signifiant d’une autre époque, d’un autre territoire, d’une autre culture.
Le passage du totalitarisme religieux à la barbarie au nom de la religion nécessite un autre trait de personnalité : l’incapacité, la peur d’aimer. Aimer dans le sens d’une relation à l’Autre le reconnaissant, le respectant comme une Personne et comme un autre soi-même quoique différent. Cela se joue dès l’enfance dans la famille, dans l’école, dans la culture. Comment aimons-nous nos enfants et ceux de la Terre ? Comment les aidons-nous à construire positivement la relation d’amour avec l’Autre et la conscience de l’Autre et de Soi ?
L’explosion de la barbarie totalitaire, fruit de la rencontre entre une personnalité aux traits précédents et un produit aujourd’hui religieux, n’a lieu que par des circonstances particulières. La rigidité de la doctrine n’apporte que de l’intégrisme limité à quelques mouvements sectaires avec leurs gourous et dont les premières victimes en sont les adeptes eux-mêmes. Mais cela a une autre dimension quand la religion est utilisée dans le monde comme une arme politique pour asservir les peuples, les individus, pour asseoir des pouvoirs, rejoignant la sentence marxiste « la religion est l’opium du peuple ». Religion d’État, pouvoir terrestre de droit divin, rites religieux manipulés comme revendication identitaire d’une ethnie, d’un pays ne font qu’alimenter les amalgames, le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, le conflit des communautés. Le totalitarisme religieux tôt ou tard massacre aussi ses géniteurs, sa progéniture, ses soutiens rejoignant le mythe de Chronos. Puissent le Monde, les puissants de ce monde, les croyants comprendre en quoi la Laïcité est la survie de tous.
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