REBELOTE. Après la journée du 7 septembre, les opposants à la réforme des retraites en cours d’examen au Parlement s’apprêtent à retourner dans la rue. Il y a deux semaines, 1,12 million de Français s’étaient mobilisés (selon la police) et 2,73 millions de personnes (selon la CGT). Dans les cortèges, on avait remarqué des infirmiers anesthésistes en masse, croisé des médecins hospitaliers venus défendre la reconnaissance de la pénibilité de leur travail de nuit (« le Quotidien » du 9 septembre). Et demain ?
Comme la fois précédente, la CGT, la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, l’UNSA, la FSU et Solidaires mobilisent tous ensemble (Force ouvrière le fait de son côté avec son propre mot d’ordre – le retrait pur et simple du texte – mais intègre cette fois-ci les cortèges intersyndicaux) dans la fonction publique comme dans le secteur privé. Le mot d’ordre de grève vaut pour les hôpitaux publics comme pour les cliniques privées.
Les médecins hospitaliers seront de la partie. Avec le soutien de leurs quatre intersyndicats (la CPH, l’INPH, la CMH et le SNAM-HP). Et selon des mots d’ordre qui se sont légèrement durcis depuis le 7 septembre (les deux premiers engagent les PH à se déclarer grévistes pour au moins une heure pendant la journée ; les deux autres laissent leurs adhérents choisir la modalité de leur mobilisation). Toujours en pointe sur le terrain de la reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E) organise pour sa part un « happening » devant le palais du Luxembourg. L’organisation, qui a lancé le 1er septembre une grève des gardes de nuit pour obtenir gain de cause, espère être reçue par le président du Sénat, Gérard Larcher.
Pas insensible aux questions de santé – ancien président de la Fédération hospitalière de France (FHF), l’homme est un des principaux artisans de la loi Hôpital, patients, santé et Territoires (HPST) –, Gérard Larcher concentre les espoirs de ceux qui espèrent amender la réforme. Le projet de loi arrive devant la Haute Assemblée le 4 ou le 5 octobre ; son examen en commission commence dès lundi prochain. Depuis que les députés ont approuvé le texte en première lecture, le président du Sénat occupe la scène et répète à l’envi qu’il se fait fort de peser de tout son poids auprès du gouvernement pour faire bouger des lignes. Y compris sur le thème de la pénibilité, qui hérisse autant les syndicats de salariés que les organisations de PH, ni les uns ni les autres n’ayant trouvé leur compte dans les dernières concessions du gouvernement – départ anticipé pour les assurés souffrant d’un taux d’incapacité d’au moins 10 % au lieu de 20 % initialement, ce qui fait passer le nombre de bénéficiaires de 10 000 à entre 20 000 et 30 000, sur recommandation d’une commission d’experts ; création d’un fonds finançant des aménagements de fin de carrière négociés au sein des branches professionnelles ; négociation obligatoire d’accords d’entreprise sur la prévention de la pénibilité. Au président du Sénat, le SNPHAR-E a déjà envoyé par écrit ses doléances : « Nous exigeons une réforme juste, qui prenne en compte l’exposition au risque sur la santé du « travail de nuit », via un dispositif de bonification ou de cessation anticipée d’activité pour tous les personnels hospitaliers pouvant le justifier, par un curriculum laboris rétrospectif. »
Les médecins du travail dans la marmite.
Nouveauté demain par rapport à la journée du 7 : les médecins du travail pourraient s’inviter dans les cortèges, la réforme de leur spécialité ayant raccroché entre-temps le projet de loi « retraites ». À leur grand dam. Le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), qui expliquait la semaine dernière dans nos colonnes qu’il poursuivait un objectif, « le retrait de tous les amendements ayant trait à la médecine du travail », a déposé pour demain un préavis de grève.
Et si rallier de tels cortèges n’est pas dans l’habitude des médecins libéraux, eux aussi ont eu des surprises au cours de la première lecture du texte à l’Assemblée : pour eux comme pour les salariés, l’âge de la retraite sans décote sera 67 ans et plus 65 ans, dans le régime de base (« le Quotidien » du 16 septembre) mais aussi pour l’allocation supplémentaire vieillesse (lire ci-dessous).
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