L’ÉTUDE conduite par Arcana Signh-Manoux (unité INSERM 1018 de l’hôpital Paul Brousse de Villejuif ; hôpital Sainte Périne ; département d’épidémiologie et de santé publique de l’University College de Londres) a inclus plus de 9 000 sujets de la cohorte britannique Whitehall II (constituée en 1985 pour suivre une population de fonctionnaires londoniens) et 17 760 sujets de la cohorte française Gazel (constituée en 1989 pour suivre une population d’agents et anciens agents d’EDF-GDF).
Il s’agissait pour les chercheurs de comparer les deux cohortes comparables, en particulier pour l’âge des participants et la période de suivi. Une étude précédente réalisée par la même équipe avait déjà montré, à partir des données de la cohorte britannique, que les comportements sociaux de santé (régime alimentaire, activité physique, consommation d’alcool et de tabac) expliquaient en grande partie les inégalités observées en matière de mortalité. Les chercheurs ont voulu vérifier que le même lien pouvait être observé dans d’autres contextes culturels. Peu d’études avaient jusqu’ici effectué une telle comparaison entre pays.
Les chercheurs ont particulièrement étudié 4 comportements potentiellement néfastes pour la santé : la consommation excessive d’alcool et de tabac, un régime alimentaire déséquilibré, manque ou une faible activité physique.
Taux de mortalité X 2.
Leurs résultats confirment dans les deux cohortes le lien entre le statut socio-économique et la mortalité. Le taux de mortalité en France comme en Grande-Bretagne est deux fois plus important dans la catégorie socio-économique la moins élevée que dans la catégorie la plus élevée.
Toutefois, des différences significatives observées entre les deux cohortes semblent montrer que les facteurs expliquant cette association, qui semble bien établie dans la plupart des études épidémiologiques, ne sont pas univoques. « La répartition sociale des comportements néfastes pour la santé est très différente d’un pays à l’autre », note Silvia Stringhini (INSERM U 1018), co-auteure de l’étude. Le mode de vie délétère semble avoir une moindre influence sur les inégalités sociales de santé en France qu’en Grande-Bretagne où ce type de comportements est plus fortement associé au statut socio-économique. D’autres facteurs comme « l’environnement, le stress et la prévention au travail, la sécurité sociale ou encore l’accès aux soins » semblent contribuer aussi à ces inégalités sociales de santé, selon la chercheuse.
Selon les auteurs, ces résultats ont des conséquences en termes de politiques de santé publique : le mode de vie reste un déterminant important de la santé et des messages ciblés sur les plus défavorisés seront plus efficaces en Grande-Bretagne qu’en France. Ils suggèrent que les mécanismes qui expliquent le lien entre statut socio-économique soient mieux étudiés pour mieux adapter les messages de prévention. Les différences culturelles doivent, estiment-ils, être mieux prises en compte, car elles influencent le mode de vie dans une population donnée.
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