DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES PSYCHIATRES experts judiciaires sont avant tout des soignants, mais ils sont dotés d’une spécialité qui peut être difficile à porter lorsque les délinquants qu’ils ont expertisés basculent dans la récidive... « Depuis Outreau, nous autres psychiatres experts judiciaires, sommes un peu perçus comme la dernière race avant le crapaud », a ainsi lancé le Dr Gérard Rossinelli, président de l’Association nationale des psychiatres experts judiciaires en guise d’ouverture des débats ! « On nous demande de faire un pronostic de dangerosité psychiatrique concernant des personnes, puis de nous prononcer sur leur éventuelle privation de liberté, c’est extrêmement difficile. »
En témoignent ces affaires de récidive qui défient régulièrement la chronique. Par exemple l’affaire Tony Meillon, ou, plus récemment encore, celle du violeur de petite fille arrêté à Toulouse : ce multirecidiviste avait vu son psychiatre la semaine même du passage à l’acte/ Les psychiatres experts judiciaires sont régulièrement montrés du doigt. Or, ils en sont persuadés : pour lutter efficacement contre les risques de récidive, la prise en charge devrait être pluridisciplinaire. C’est pourquoi la journée organisée par l’Association nationale des psychiatres experts judiciaires, consacrée à la liberté conditionnelle, était construite comme une élaboration collective.
Indépendance.
Des travailleurs sociaux, mais aussi des juristes, un juge d’application des peines, des directeurs d’établissements pénitenciers, des professionnels des services pénitentiaires d’insertion et de probation… avaient d’ailleurs répondu présents. Le Dr Gérard Laurencin, directeur du service médico-psychiatrique de Midi-Pyrénées, a rappelé « l’importance de voir la libération conditionnelle du côté des soignants ». « Pour nous, qui travaillons en milieu carcéral, la question d’indépendance est très importante et en même temps délicate, a-t-il dit. Il y une sorte de marketing à faire sur nos sujets auprès des CMP et, selon les régions, les réactions sont bien différentes. Si certains CMP prennent volontiers en charge ces sujets pendant leur liberté conditionnelle, d’autres ne prennent pas au sérieux la démarche thérapeutique sous injonction. »
Autre temps fort de la journée : l’intervention de Roland Coutanceau. Le psychiatre criminologue a mis en garde « contre la stigmatisation de certaines personnes lorsqu’elles sont qualifiées de personnes à haut risque ». Il a préconisé « des stratégies de soins ciblées à mettre en place en fonction des cas ».
Finalement, le premier pas vers un travail en pluridisciplinarité a bien été franchi en fin de journée, avec la création de l’Association occitane de criminologie, qui rassemble des professionnels de tous les secteurs et dont l’objectif sera notamment de partager des travaux de recherche et d’approfondissement.
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