L’ATELIER a fêté ses vingt ans cette année. Situé dans le 19e arrondissement de Paris, il est la seule entreprise adaptée d’Île-de-France destinée à des travailleurs qui sont déficients visuels, employant 48 équivalents temps plein ; 60 % sont handicapés visuels, les autres ont divers handicaps, essentiellement psychiques.
Mais, insiste Laëtitia Masson, attachée de direction de l’Atelier, « notre structure fonctionne comme une vraie entreprise ». C’est son père, Dominique Masson, qui a créé cette structure. Les salariés tutoient celle qu’ils ont connue petite fille. Certains sont en effet là depuis le début. Il y a peu de turn over, trois personnes handicapées visuelles ont toutefois été embauchées cette année. Il y a presque toujours 12 à 15 personnes « à l’extérieur ».
L’entreprise joue en effet beaucoup sur le détachement de personnel, un peu à la mode intérim. Ce qui lui permet de remplir sa mission première, qui est l’insertion de ses salariés en milieu « ordinaire ». Les employés sont envoyés dans les entreprises clientes de l’Atelier, pour une durée allant d’un jour à deux ans, soit dans le cadre d’une formation continue, pouvant ainsi développer de nouvelles compétences en utilisant de nouveaux outils, soit à travers une mise à disposition, sorte de tremplin, de sas de sécurité, avant le grand saut dans le monde du travail. Ce qui convient par exemple très bien à l’un des employés qui, précisément du fait de la pression exercée au sein de son ancienne entreprise, a subi un traumatisme tel qu’il s’est transformé en burn-out. Grâce à cette formule, il ressort gagnant de sa lourde dépression en mettant doucement mais sûrement le pied à l’étrier. « C’est une façon pour eux de gagner ou reprendre confiance ». Une autre employée souffre d’un syndrome autistique, ce qui ne l’empêche pas d’être particulièrement performante, souligne la responsable de l’Atelier. Mais il est vrai, reconnaît-elle, « que son comportement pourrait inquiéter un employeur au cours d’un entretien d’embauche, alors qu’une fois en place, elle abat un travail fou et se révèle très agréable ».
Les personnes qui souffrent d’un handicap visuel sont mandatées en binôme, avec un autre salarié. « L’esprit de groupe est très fort ici, poursuit Laëtitia Masson. Ils apprennent à se servir des yeux des autres. »
De plus en plus exigeantes à l’embauche.
L’Atelier ne connaît donc pas la crise. En 2009, son chiffre d’affaires a augmenté de 10 %, quand cette année a été catastrophique pour les industries. Au premier semestre 2010, encore 9,4 % par rapport à 2009. Ses clients (250) sont de grands comptes, privés ou publiques : Axa, M6, PMU, Renault, Coca-Cola, Crédit Mutuel, ministère de l’Éducation nationale...). L’Atelier joue en effet sur des niches où les budgets ne sont pas gelés : bureautique, édition et portage (mise sous pli, envoi de réponses négatives à des candidatures, traitement de bases de données, gestion de mailing...).
« Nos objectifs sont eux d’une entreprise classique, c’est-à-dire qu’ils se mesurent au chiffre d’affaires. Nos clients ne nous font pas de cadeau, ils exigent une qualité. Et je ne voudrais pas que ce soit autrement. Mon recrutement suit les règles normales : je regarde les compétences, les capacités et les motivations du candidat. Si un employé me parle d’un rendez-vous qu’il doit prendre chez son psy, je lui dis : Après 17 heures ! L’Atelier n’est pas un lieu de soin. »
Le seul bémol évoqué est que les entreprises adaptées, de plus en plus sollicitées, durcissent leur recrutement. Risquent alors de rester sur le carreau les nombreuses personnes dont les capacités intellectuelles sont supérieures à celles requises pour travailler en ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) mais recalées par les entreprises adaptées.
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