« NOUS SOMMES CONSTERNÉS par les propos de Nora Berra, c’est incompréhensible », confie Dominique Le Bœuf, présidente de l’ONI. « C’est scandaleux, renchérit Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers et membre de l’ONI. Cela montre à quel point le ministère a une vision passéiste des infirmiers et n’a jamais voulu de cet Ordre ».
La secrétaire d’État à la Santé a en effet porté un coup qui pourrait se révéler fatal pour l’Ordre, mercredi 30 mars, devant l’Assemblée Nationale, en estimant qu’« il n’a pas réussi à convaincre les infirmiers de son utilité et (...) n’est pas parvenu à susciter l’inscription du plus grand nombre ». Pire, elle a critiqué le maintien d’une cotisation à 75 euros pour les libéraux : « c’est encore très élevé, ce n’est pas la cotisation "symbolique" demandée depuis 2006 ». Elle est allée jusqu’à envisager « le principe d’une adhésion facultative pour tous les infirmiers ».
« Facultative, symbolique », ces mots n’ont aucun sens pour l’ONI. « Le principe même fragilise tous les Ordres ! », alerte la présidente. Le concept n’est pas même tenable financièrement pour l’institution qui accuse déjà un déficit de plus de 10 millions d’euros. « Nous avons voté le 29 mars un budget qui était encore moindre que celui que nous avions élaboré avec le cabinet de Nora Berra, on a fourni un énorme effort, c’est un plan d’économies drastiques », réagit Dominique le Bœuf. Si les cotisations des infirmiers libéraux et des sociétés d’exercice libéral restent inchangées, soit respectivement 75 et 150 euros, celles des salariées ont en effet été revues à la baisse : 30 euros, au lieu de 75 auparavant. De même pour les jeunes diplômés et les bénévoles (qui devaient s’acquitter de 37,50 euros). Les ressources dédiées à la communication, au bulletin de l’ordre, au code de déontologie, subissent de sévères coupes (pour éviter de s’attaquer directement à la masse salariale). En tout, c’est une enveloppe de 11 millions d’euros qui a été votée… Alors que le budget initialement prévu pour faire tourner cette grosse machine de 140 salariés était de 34 millions d’euros.
Missions réduites.
Au regard de ces efforts, « qu’il fallait faire », reconnaît la présidente de l’ONI, la salve de Nora Berra peut paraître très injuste, d’autant plus qu’elle se concentre sur les cotisations des infirmiers libéraux, qui ne posent a priori pas problème, à la différence de celles des salariés. « Les libéraux n’hésitent jamais à s’encadrer d’institutions ou de syndicats. En revanche, les hospitaliers, qui travaillent davantage dans un environnement sécurisant, ont besoin de comprendre à quoi l’Ordre sert et d’en être convaincus », explique la présidente de l’ONI, regrettant une certaine désinformation de la part des syndicats de salariés.
Les propos de Nora Berra risquent d’avoir des conséquences pour la vie de l’Ordre. « Nos missions vont être réduites aux plus fondamentales et réglementaires. Par exemple, nous ne convoquerons plus des conseils régionaux pour parler de la démographie médicale, mais pour des suspensions d’exercice définitives, ou quasi définitives, que nous sommes seuls à pouvoir attribuer », détaille Dominique Le Bœuf. L’Ordre regarde désormais l’avenir avec inquiétude. « Il faut nous laisser le temps de grandir ! », réclame la présidente. Avant mercredi 30 mars, la Banque auprès de laquelle l’Ordre a ouvert son compte envisageait de ne renouveler le prêt qu’elle lui a consenti qu’à condition d’avoir un gage de confiance de la part du gouvernement.
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