Des morceaux de cadavres soigneusement conservés depuis vingt-cinq ans, personne n’ayant réclamé les restes après les autopsies. Des corps sans vie sur des civières disséminées dans les couloirs. Des couteaux et des scies qui auraient besoin d’être aiguisés, des tables d’autopsies rouillées, des circuits électriques obsolètes et des ampoules hors d’usage. Le décor est planté, bienvenue dans les locaux de la morgue de l’institut de médecine légale de l’université la Sapienza à Rome qui viennent d’être fermés. Une décision prise par le doyen de l’université, Eugenio Gaudio pour éviter les scellés.
Saisi par les carabiniers qui ont dénoncé les conditions sanitaires inquiétantes et l’état désastreux des structures de la morgue, le parquet de Rome s’apprêtait à intervenir. Le magistrat en charge du dossier n’avait pas le choix, la mauvaise qualité des équipements et les conditions « de stockage » des cadavres, pouvant remettre en question les résultats des autopsies. Pour le plus grand institut de médecine légal selon les affirmations des Italiens, l’intervention de la justice aurait produit un effet publicitaire désastreux, d’où la décision du doyen d’anticiper les événements.
Une situation « pas brillante » mais « pas complètement catastrophique »
Pendant que les corps des défunts en attente d’autopsie étaient transférés en catimini dans les chambres mortuaires de Tor Vergata, l’équivalent de l’université de Paris 2, le doyen et son équipe organisaient la défense de leur morgue. « La presse a forcé le trait, la situation n’est pas brillante mais elle n’est pas complètement catastrophique. D’accord, les tables d’autopsie sont vieilles et le réseau d’écoulement des liquides ne fonctionne pas, les lampes n’ont jamais été changées mais les cadavres ne sont pas entreposés à droite et à gauche ! » a déclaré Vittorio Fineschi qui dirige la morgue incriminée.
« Avec mes collègues, nous sommes prêts à travailler pendant les travaux de restructuration », a ajouté le directeur qui réclame la réouverture des locaux. En clair, continuer à découper les cadavres pendant que les ouvriers plâtrent les murs. « Lorsque le parquet a réduit provisoirement les activités de l’hôpital universitaire des travaux de réfection urgents devant être effectués, tous les services n’ont pas été fermés. Pourquoi deux poids et deux mesures ? » s’est interrogé Vittorio Fineschi. Le hic est que pour restaurer les locaux, il faut de l’argent. Or les caisses de l’université de la Sapienza sont vides et trouver des fonds en période de crise est une tâche quasiment impossible.
Le directeur suggère de se tourner vers le service municipal de la propreté urbaine et du ramassage des ordures, l’Ama, afin qu’il participe à l’effort de restructuration de la morgue en signant un chèque. « Une convention, onéreuse, a été signée entre l’Ama et le département de médecine légale. Moi, je commencerais par là…. » confie Vittorio Fineschi. Le problème est que le bilan 2014 de l’entreprise municipale fait état d’un déficit financier de 650 millions d’euros !
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