Plus de la moitié des patients cancéreux décédés en 2013 ont eu recours aux soins palliatifs hospitaliers (SPH), décrit une étude publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire », qui donne une première estimation du recours aux SPH en France, sur la base des données du Système national d'information inter-régimes de l'assurance-maladie (SNIIRAM).
Ce sont même 62 % des patients traités pour un cancer du poumon qui ont eu recours aux soins palliatifs, et 41 % des hommes souffrant d'un cancer de la prostate. « Un niveau de recours relativement élevé en France, notamment pour certaines pathologies », commentent les auteurs issus de la Caisse nationale d'assurance-maladie, du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, et du département douleur/soins palliatifs et service de gériatrie du CHU de Besançon (le Pr Régis Aubry, ancien président de l'Observatoire national sur la fin de vie).
En moyenne, sur la totalité des 347 253 décès inclus dans l'étude, 29 % des personnes ont eu recours à des SPH lors du décès ou au cours de l'année précédente, 30 % d'hommes, 28 % de femmes, 30 % de moins de 15 ans, et 39 % entre 55 et 74 ans.
Pour les autres pathologies, le recours oscille autour de 20 % : 24 % pour un accident vasculaire cérébral aigu, 17 % pour une insuffisance cardiaque, 23 % pour une sclérose en plaques, 18 % pour une maladie de Parkinson, 17 % pour une démence, 16 % pour une maladie respiratoire chronique, et 20 % pour une insuffisance rénale chronique terminale.
Un recours plus important en SSR et HAD
En SSR ou en HAD, 35 % des personnes ont fait appel aux SPH avant le décès ; et 69 % lors du décès. « Alors qu'il est préconisé une initiation des soins palliatifs plus en amont du décès, le taux de recours aux soins palliatifs est élevé pour les SSR et l'HAD vers lesquels les patients peuvent être adressés en aval du MCO », lit-on.
A contrario, seulement 8 % des personnes décédées en EHPAD ont eu auparavant affaire avec les SPH (les plus jeunes, et les cancéreux).
L'étude n'incluant ni les services de ville, ni les dispositifs palliatifs des EHPAD, l'ensemble du recours aux soins palliatifs est peut-être sous-estimé, précisent les auteurs.
43 % des Français meurent à domicile
L'étude confirme ce qu'on sait déjà* sur les lieux et parcours des fins de vie en France. Bien que 85 % des Français souhaitent décéder à domicile, seulement 43 % y trépassent. 60 % succombent lors d'une hospitalisation (51 % en MCO, 6 % en soins de suite et de réadaptation, 3 % en hospitalisation à domicile), 13 % en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), et 26 % dans un autre lieu (voie publique, domicile, maison de retraite).
Les lieux de décès varient selon le sexe : les femmes meurent davantage en EHPAD que les hommes (19 % vs 7 %), l'âge (la part des décès en EHPAD augmente à partir de 85 ans, les 55-74 ans sont 60 % à décéder en MCO, et les 15-34 ans, 60 % dans les autres lieux), et les pathologies. La majorité des patients traités pour cancer (64 %) meurent en MCO. Les décès consécutifs à des maladies cardio-vasculaires ou maladies neurologiques sont sur-représentés en EHPAD ou hors hospitalisation.
Les auteurs concluent sur la nécessité de développer les connaissances sur l'ensemble des trajectoires de fins de vie, et les transitions entre les différents lieux de soins.
* Selon les données du centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC), 57 % des décès ont lieu à l'hôpital, 12 % en maison de retraite, 25 % au domicile, et 6 % sur la voie publique.
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