C’est la personnalité de l’ancien patron du FMI qui polarise l’attention des médias et des juges dans le procès dit du Carlton, à Lille, où Dominique Strauss-Kahn répond de proxénétisme aggravé. Serait-il atteint d’une pathologie, urologique, neurologique, sexologique, ou mentale ? Va-t-on parler d’un « syndrome DSK » ?
« DSK souffre d’une maladie mentale et éprouve des difficultés à maîtriser ses pulsions, ce qui le détruit lui-même ». Posé par l’ancien Premier ministre Michel Rocard, corroboré par des témoignages de proches, selon lesquels l’intéressé aurait admis qu’il est « malade », ce diagnostic ne saurait évidemment être confirmé par les spécialistes interrogés par « le Quotidien », en l’absence d’examen de l’intéressé. Leur prudence est d’autant plus de rigueur que, pour l’hypersexualité, le satyriasis ou l’addiction sexuelle, selon ses diverses dénominations scientifiques, aucun consensus n’est vraiment admis, chaque équipe développant sa propre stratégie de prise en charge.
Déni ou conscience du patient qu’il est malade
« Le diagnostic d’hypersexualité peut être posé lorsque le patient exprime sa propre souffrance par rapport à des passages à l’acte sexuel qui ne suffisent pas à apaiser son angoisse, estime le Dr Marc Géraud, sexologue à Compiègne (Oise), et lorsque sa partenaire corrobore ses plaintes. L’orientation vers une psychothérapie, ou une psychanalyse est alors indiquée. » Le praticien assure que « les anti-androgènes, ça ne marche pas ».
« Il faut adapter la stratégie suivant les cas, nuance le Dr Patrick Constancis, sexologue à Paris, qui distingue « les cas à dominante organiciste ou à dominante psychogène. Les dosages hormonaux nous renseignent sur une éventuelle hypertestostéronémie qui peut expliquer un comportement compulsif. Mais ces cas sont rares et ils sont généralement en lien avec des tableaux psychiques très perturbés, qui entraînent des comportements asociaux ».
Pour le Dr Thierry Guetta (Centre andrologique de Paris), l’orientation devra se faire « plutôt chez l’andro-sexologue que chez l’andro-urologue. Et de toute manière on ne saurait être un bon andrologue sans travailler avec un cabinet de sexologie. »
En fait, départage le Dr Sylvain Mimoun, andro-psycho-somaticien et directeur du centre andrologique de l’Hôpital Cochin (Paris), « la prise en charge, quelle qu’elle soit, va dépendre à la fois de la conscience du patient qu’il est malade et de son envie de guérir, alors que souvent il est dans le déni : la répétition des actes a créé un réflexe conditionné qui banalise à ses yeux son comportement et fait baisser son angoisse. Dès lors, les deux approches, hormonothérapiques et psychothérapiques devront être conjuguées, avec des frénateurs soft, tout d’abord, puis les anti-androgènes (Androcur), qui inhibent chimiquement la libido. C’est ce qu’on appelle la drogue des violeurs, mais elle doit être prescrite avec une sexothérapie comportementale pour atteindre des résultats durables. »
Le cas Turing
La castration chimique, comme y contraignaient les tribunaux dans les années 1950, par exemple, dans la condamnation d’Alan Turing, l’inventeur homosexuel de l’ordinateur, est d’autant plus contestée aujourd’hui qu’elle nécessite une observance au long cours, pour ne pas dire à vie, en l’absence de traitements à effet retard. « Envisageables pour un patient d’une soixantaine d’années, les anti-androgènes sont nettement plus problématiques pour un patient de 30 ans », observe le Dr Constancis.
De toute manière, souligne le sexologue, « le cas DSK ne relève pas nécessairement de la pathologie neurologique, hormonale, ou mentale, on peut être en présence d’un trouble du comportement de pouvoir, en l’occurrence, dans le dossier Carlton, de pouvoir sur les femmes. Et de pouvoir tout court. »
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