Au procès en appel du Mediator, la cour d'appel de Paris a décidé de ne pas se prononcer dans l'immédiat sur la demande de contre-expertise formulée par les laboratoires Servier, permettant à l'audience de se poursuivre sans interruption.
« La cour a décidé (...) de joindre au fond en ce qui concerne la demande de contre-expertise », a indiqué ce lundi 6 mars le président Olivier Géron, ce qui signifie qu'elle n'y répondra qu'à la fin du procès, en même temps qu'aux questions sur la culpabilité des laboratoires et de son ex-numéro 2.
Servier avait demandé qu'une nouvelle expertise sur le Mediator soit ordonnée, taxant d'« incompétence » et de « parti pris » les auteurs du rapport de 2013, pivot de l'accusation contre le laboratoire.
Le deuxième groupe pharmaceutique français et son ancien directeur général Jean-Philippe Seta sont rejugés depuis le 9 janvier, notamment pour « tromperie aggravée », « escroquerie » et « homicide et blessures involontaires ». En première instance, en mars 2021, le groupe avait été condamné à 2,7 millions d'euros d'amende. Le Mediator, mis sur le marché comme antidiabétique en 1976 mais aussi indûment prescrit comme coupe-faim jusqu'à son interdiction en 2009, a entraîné de graves effets secondaires sur des milliers de patients souffrant de pathologies cardiaques ou pulmonaires et parfois entraîné leur mort.
Des conclusions accablantes pour Servier qui dénonce la partialité des experts
Lors du débat sur la demande de contre-expertise, le 28 février, la défense de Servier avait estimé que le collège de trois experts indépendants désignés en 2010 par les juges d'instruction pour répondre à 18 questions sur le Mediator et ses effets « n'avait pas toutes les compétences requises et n'était pas impartial ».
Leurs conclusions, publiées en 2013, s'étaient montrées accablantes pour Servier. Leur rapport d'expertise soulignait notamment que le Mediator avait bien une action coupe-faim occultée par le laboratoire et que le médicament serait responsable de 1300 à 1800 morts à long terme.
« Demander une contre-expertise reviendrait à ce que cette affaire ne soit jamais jugée », avait mis en garde Stella Bisseuil, avocate de parties civiles, tandis que son confrère Jean-Christophe Coubris rappelait que le Mediator et sa dangerosité avaient déjà fait l'objet de 17 rapports officiels.
« Il est faux de dire que la contre-expertise est un droit », avait estimé le représentant du parquet général, ironisant sur la demande « en mode Calimero » des avocats de Servier.
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