Comment appréhender au mieux le risque de suicide chez les personnes âgées ? Et comment faire de la prévention dans ce domaine ? Ces questions seront au cœur de la session « Le suicide chez l’âgé : différences, défis et dilemme » lors de ce congrès, présidée par le Dr Jean-Pierre Schuster, qui exerce dans le service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé du CHUV à Lausanne. « On dénombre annuellement environ 9 000 décès par suicide par an en France. On estime qu’environ un quart concernent des personnes âgées de 60 ans et plus », souligne-t-il.
Ces dernières années, la connaissance des facteurs de risque a évolué. « On sait qu’ils sont multiples et qu’ils interagissent dans un modèle plurifactoriel intégratif. Ils sont à la fois socioculturels, environnementaux, et psychopathologiques. Le principal reste l’existence d’un trouble psychiatrique, en particulier l’épisode dépressif majeur. La communication d’une intentionnalité suicidaire nécessite d’être prise en considération », indique le Dr Schuster.
Une question de personnalité ?
Lors de cette session, Anna Szücs de l’université de Genève présentera son travail réalisé en collaboration avec l’université de Pittsburg sur un facteur de risque peu connu : les liens entre personnalité et geste suicidaire au grand âge. « Aujourd’hui, malgré des résultats souvent peu consistants, on considère que la présence de traits anankastiques et d’une conscienciosité élevée est plus fréquente chez les victimes âgées de suicide. Les résultats présentés indiquent que les aînés avec tentative inaugurale sont plus souvent méthodiques ou ordonnés (une facette de la conscienciosité) que souffrantes de neuroticisme élevé ou de personnalité limite – traits qui entretiendraient plutôt un risque déjà présent plus jeune. Les travaux d’Anna Szücs viennent utilement souligner les liens complexes entre personnalité et santé, en complétant la connaissance des facteurs de risque du geste suicidaire chez la personne âgée », explique le Dr Schuster.
Une prévention multimodale
Céline Kopp-Bigault, du Centre de recherches en épidémiologie et santé des populations (UMR 1178, Inserm, Paris), exposera les stratégies multimodales de prévention du suicide des personnes âgées. « Dans le monde, ces méthodes ont fait leurs preuves en ciblant principalement deux facteurs de risque : dépression et isolement. Céline Kopp-Bigault partagera avec nous les étapes du développement actuel du projet CQFDI (Coopération Québec France contre la Dépression et l’Isolement), qui a pour objectif premier d’implémenter une stratégie multimodale francophone de prévention du suicide en associant dépistage de la dépression, diminution de l’isolement social et augmentation de la littératie sociale en santé mentale », indique le Dr Schuster.
Entretien avec le Dr Jean-Pierre Schuster, service universitaire de psychiatrie de l’âge avancé, CHUV (Lausanne)
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