C'est une installation qui ressemble à un petit évènement, dans une ville où la densité de médecins généralistes est de seulement 3,3 pour 10 000 habitants. Depuis mardi 10 janvier, les habitants de Grigny (Essonne) peuvent consulter un praticien à la « Ferme Neuve », bâtiment communal situé entre deux quartiers difficiles, la Grande Borne et Grigny 2.
Né d'un partenariat entre le Centre Hospitalier Sud Francilien (CHSF), situé à Corbeil-Essonnes, l'agence régionale de santé (ARS), la ville et l'assurance-maladie, cette consultation avancée, déjà expérimentée à Angoulême, est la première du genre dans la région francilienne. Elle s'inscrit dans le projet régional de santé et le projet médical du CHSF pour 2013-2017.
Le protocole vise à répondre aux besoins d'une population avec des indicateurs de santé préoccupants et une forte précarité. « Sur notre territoire, l'espérance de vie baisse, insiste Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny. Ce poste améliore l'offre de soins, il faudra mettre l'accent sur la prévention, par exemple avec le dépistage du cancer du sein ».
Habitué des quartiers prioritaires
Très innovante, la démarche a reçu l'aval de l'Ordre des médecins de l'Essonne qui souligne le manque croissant de professionnels de santé libéraux sur ce territoire. « Aucun médecin ne voulait s'installer ici », relève-t-il.
Pour les trois premiers mois, c'est le Dr Djamel Khodja, médecin à la prison de Fleury-Mérogis et rattaché au centre hospitalier, qui officiera le mardi, mercredi et jeudi. Il sera remplacé en mars par le Dr Ahmed Zoubir, qui officiera à long terme, selon le même planning. Ce médecin généraliste de 42 ans exerce actuellement au sein du service de médecine polyvalente et gériatrique au CHSF. « J'avais le projet d'exercer en cabinet médical alors quand cette opportunité a été proposée par la direction de l'hôpital j'ai candidaté », explique le Dr Zoubir. « Je suis un peu stressé, mais je connais les problèmes de la patientèle à Grigny, car j'ai habité et travaillé dans des quartiers prioritaires », précise le praticien. Ce médecin restera salarié du CHSF et continuera d'exercer deux jours par semaine à l'EHPAD Galignani, à Corbeil-Essonnes.
Un second médecin recherché
Les actes de la consultation avancée de médecine générale – au tarif de secteur I – seront facturés par l'hôpital à l'assurance-maladie. Le financement pourra être complété par l'ARS qui s'est engagée à combler le manque à gagner si le médecin ne réalise pas assez d'actes. « Nous sommes partis sur une base d'un acte toutes les 15 minutes, soit environ trois à quatre actes par heure pour que le dispositif soit à l'équilibre », explique Mohamed Djedai, le directeur adjoint chargé des affaires générales au CHSF.
De son côté, la commune de Grigny met à disposition, en plus du cabinet équipé, une secrétaire médicale et une assistante sociale. L'ARS a aussi débloqué près de 25 000 euros pour du petit matériel d'équipement. À raison d'une ouverture 21 heures par semaine (sur trois jours), 42 semaines par an, les consultations avancées représenteront un budget d'au moins 81 000 euros. À terme, les partenaires souhaitent trouver un second médecin pour assurer une présence en continu à la « Ferme Neuve ».
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