EST-IL possible de réduire encore la quantité d’emballages alimentaires utilisés en Europe ? « C’est en tout cas, désormais, une préoccupation constante. Depuis 20 ans, de gros efforts ont été faits pour réduire le volume ou le poids des emballages », indique Sylvain Pasquier, animateur de secteur « emballages » à l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). La réglementation européenne sur les emballages est fixée dans une directive du 20 décembre 1994. « Ce texte fixe un cadre qui est ensuite adapté dans les différents pays de l’Union européenne. Elle stipule notamment qu’à partir du moment où un pays reconnaît qu’un emballage est conforme, il doit pouvoir circuler dans tous les États membres. Il ne peut pas y avoir de mesures protectionnistes à l’intérieur de l’Union », précise-t-il. Il existe ensuite des spécificités culturelles et sociologiques propres à chaque pays : « Par exemple, en France, nous utilisons davantage d’emballages en verre que dans d’autres pays. Cette situation est liée en particulier à notre consommation de vin, de bières ou de cidre », ajoute Sylvain Pasquier.
Chaque année, 100 milliards d’emballages ménagers sont utilisés en France. Ils assurent de multiples fonctions indispensables aussi bien aux produits, qu’aux consommateurs et aux professionnels : protection, conservation, hygiène, information, présentation, regroupement, transport, stockage… « Les emballages, de part leurs fonctionnalités, permettent aussi l’accessibilité de produits au plus grand nombre, grâce à une adéquation entre prix de l’unité de vente et pouvoir d’achat du consommateur », souligne le Conseil national de l’emballage, une association qui joue un rôle de concertation dans le secteur. Sylvain Pasquier insiste sur le fait que la fonction première de l’emballage alimentaire est « d’assurer la protection » du produit, sa bonne conservation et sa sécurité pour le consommateur.
Depuis1997, une étude est conduite tous les trois ans par l’ADEME et les sociétés Adelphe et Eco-Emballages sur les emballages ménagers consommés à domicile en France métropolitaine. Sur la période 1997-2009, ce travail met évidence une diminution des quantités d’emballage mis sur le marché par habitant (de 80 à 76 kg/habitant) et un accroissement du nombre d’emballages par habitants (de 1371 à 1509 par habitant). « Entre 2006 et 2009, le tonnage comme le nombre d’emballage par habitant tend à se stabiliser. Or entre 1997 et 2009, la consommation des ménages est en augmentation régulière. Ainsi, on observe sur l’ensemble de la période un découplage entre la progression de la consommation des ménages et les quantités d’emballages générés », indique l’ADEME.
Le nombre d’emballages est bien sûr lié à différents facteurs : urbanisation de la population, développement du travail féminin, industrialisation de l’alimentation, modification des rythmes de vie avec un recours plus important aux plats tout préparés... « Il est clair qu’il y a certainement encore des marges de manœuvre pour réduire la quantité et le volume des emballages alimentaires. Mais il faut être conscient que, sur certains produits, on a peut-être atteint une limite, souligne Sylvain Pasquier, en citant l’exemple des bouteilles d’eau en plastique. Certaines bouteilles, aujourd’hui, sont un peu limites en ce qui concerne la prise en mains. On s’en rend compte quand on verse de l’eau. Si on devait réduire encore davantage l’emballage, elle se plierait sans doute en deux. Il faut donc être conscient que cette volonté de réduire les emballages se heurte à certaines limites physiques de résistance des emballages par rapport aux fonctions demandées. »
Ces dernières années, certaines mesures concernant tout un secteur ont été prises par les industriels. « Par exemple, il n’y a plus d’emballages en carton sur les yaourts vendus par quatre. Il a été estimé en effet que, dans ce cas, l’emballage avait uniquement une fonction « marketing » pour améliorer la visibilité du produit en linéaire. En revanche, l’emballage a été maintenu pour les yaourts vendus par lots de plus grande quantité. Car, là, l’emballage permet un maniement plus facile par le consommateur pour la prise en rayon ou le passage en caisse », indique Sylvain Pasquier.
Entretien avec Sylvain Pasquier, animateur de secteur « emballages » à l’Agence de l’Environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).
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