Cours en présentiel du primaire au lycée, masque obligatoire à l'intérieur, campagne de vaccination pour les collégiens et lycéens… À dix jours de la rentrée 2021, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a précisé dans « Le Journal du Dimanche » du 22 août les détails du protocole sanitaire dans les établissements scolaires. La lutte contre le Covid-19 se joue dans un contexte inédit, pris entre les feux d'une vaccination des adolescents en hausse et la grande contagiosité du variant Delta.
Alors que des mesures spécifiques devraient être prises prochainement pour les Antilles, c'est le protocole de niveau 2 (sur 4) qui devra s'appliquer à partir du 2 septembre sur tout le territoire métropolitain : les cours se tiendront en présentiel, le port du masque sera obligatoire à l'intérieur pour les professeurs et les élèves dès l'école élémentaire, les brassages d'élèves devront être limités par niveau, les surfaces devront être désinfectées plusieurs fois par jour et les locaux aérés, les activités physiques à l'intérieur devront exclure les sports de contact.
Campagne vaccinale dans « tous les établissements »
« Plus de 55 % des 12-17 ans ont déjà reçu au moins une dose » de vaccin, se félicite le ministre de l'Éducation nationale, qui entend accélérer le mouvement grâce à une campagne de vaccination « dans tous les établissements ». « Dans tous les collèges et lycées de France, élèves et personnels auront accès au vaccin, à proximité ou au sein même de leur établissement », indique-t-il au « JDD ». « Selon les situations, soit des équipes mobiles viendront vacciner dans les établissements, soit nous organiserons le déplacement des élèves volontaires vers les centres [éphémères] de vaccination », ajoute Jean-Michel Blanquer, assurant que l'organisation sera « opérationnelle dès la rentrée ».
S'il y a incitation, il n'est pas question de contrainte : le pass sanitaire ne sera obligatoire ni pour les enseignants, le ministre préférant « une logique de confiance et de responsabilité » − ni pour les parents ou les élèves.
Isolement des cas contacts non-vaccinés
En cas de contamination d'un élève en primaire, où les enfants ne sont pas vaccinés, la règle reste la fermeture de la classe pendant une semaine. En revanche, au collège et au lycée, dans une logique qui se veut similaire à celle qui prévaut pour les adultes, seuls les élèves non vaccinés ni immunisés devront s'isoler sept jours et suivre leurs cours à distance. Les autres pourront continuer à se rendre à l'école, sur la base d'une attestation des parents « sachant que l'Assurance-maladie pourra vérifier le statut vaccinal des contacts à risque », précise Jean-Michel Blanquer. Certains syndicats ont déjà mis en doute le choix du principe déclaratif, craignant que des familles sans solutions de garde soient « tentées de renvoyer leur enfant en classe par tous les moyens », selon les mots de Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat SGEN-CFDT, dans « Le Monde ».
En matière de sorties scolaires, les élèves ne se verront pas demander de pass dans des structures prévoyant des créneaux spécifiques pour eux (piscines, bibliothèques). Mais les plus de 12 ans devront le présenter à partir du 30 septembre dans les lieux qui le requièrent.
Alors que dans une tribune parue la semaine dernière dans le « Monde », un collectif rassemblant de nombreux médecins demandait que l'équipement de détecteurs de CO2 soit la règle (et non une simple recommandation), Jean-Michel Blanquer fait part de sa volonté de les généraliser. Tout en rappelant qu'il s'agit de la compétence des collectivités locales, qui pourront être aidées dans cet investissement. Quant aux purificateurs d'air, il reconnaît leur utilité dans les salles qui ne peuvent être suffisamment aérées.
Quelle politique de dépistage ?
Alors que les signataires de la tribune dénoncent « l'absence d'une véritable stratégie de dépistage », Jean-Michel Blanquer indique au « JDD » poursuivre la politique d'autotests au lycée, mais « dans une politique de ciblage, plus que de filet » compte tenu d'un meilleur niveau de vaccination et suivant ainsi une réponse du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) au Sénat. Au primaire, la stratégie de dépistage massif, avec un objectif de 600 000 tests salivaires hebdomadaires, sera reconduite, assure-t-il, se démarquant sur ce point de l'avis du HCSP, qui déconseille les campagnes de dépistages systématiques transversaux dans les écoles maternelles et élémentaires − sauf pour des protocoles de recherche scientifique.
Ce sont justement de tels protocoles que l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique sur le Covid, souhaiterait tester. « S'il remporte au moins 50 % d'adhésion, un dépistage salivaire deux fois par semaine chez les primaires (comme l'ont fait les Autrichiens, les Anglais, les Allemands) pourrait permettre de dépister rapidement les cas et de les renvoyer à la maison sans fermer l'école, car la priorité, reste de garder les écoles ouvertes », a-t-il expliqué ce 23 août au micro de France Inter. « Selon nos modélisations, à l'Institut Pasteur, la moitié des nouvelles infections auront lieu chez les enfants à partir de l'automne puisqu'ils sont non-vaccinés. Et personne n'a de recette miracle » a-t-il alerté, appelant à une concertation multipartite entre ministères de l'Éducation et de la Santé, syndicats enseignants, parents d'élèves, Santé publique France, experts, pédiatres.
Les syndicats enseignants ont d’ores et déjà déploré des mesures insuffisantes. « Le protocole est plus léger qu'en juin dernier notamment au niveau de la restauration scolaire (...) alors que le taux d'incidence est plus élevé chez les élèves », a réagi Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Le gouvernement « n'a pas investi dans un certain nombre de choses, que ce soit dans des personnels ou dans du matériel », s'est inquiété Jean-Rémi Girard, président du Snalc (Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur).
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