Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer

Six Français sur dix s’estiment incapables d’aider un proche

Publié le 20/09/2012
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AVEC 850 000 MALADES, 230 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, la maladie d’Alzheimer ne laisse forcément pas les Français indifférents. D’après un sondage Viavoice réalisé pour l’association France Alzheimer et le groupe Pasteur mutualité auprès d’un millier de personnes, 86,3 % se disent « inquiets » par cette maladie. Si le niveau d’inquiétude est plus élevé chez les femmes (91,2 %) et les personnes de plus de 65 ans (89,6 %), Alzheimer préoccupe également les 18-24 ans à un niveau non négligeable (76,4 %).

Selon une autre enquête TNS Sofres menée auprès de 2 005 personnes pour le compte de l’Espace national de réflexion d’éthique sur la maladie d’Alzheimer, plus d’un Français sur deux pense régulièrement à la pathologie en tant que malade ou en tant qu’aidant et neuf sur dix la considèrent comme un enjeu de société prioritaire. L’enquête témoigne également d’une réelle angoisse des Français s’agissant de la prise en charge de la pathologie. Parmi les personnes interrogées, une majorité (57 %) ne s’estime pas capable de s’occuper d’un proche malade au quotidien. Seuls 8 % se disent certains de pouvoir faire face à la situation. « Lorsque l’on sait qu’un aidant consacre en moyenne 6 h 30 chaque jour à son malade », il n’est pas étonnant que cette dépendance représente le caractère le plus anxiogène de la maladie d’Alzheimer, commente l’Espace national de réflexion d’éthique sur l’Alzheimer.

Médecins plébiscités.

En cas d’irruption de la maladie dans leur quotidien, les Français comptent en premier lieu sur les professionnels de santé (77 %), les associations de malades et de proches (51 %), les services publics locaux (42 %), leur famille (37 %), des personnes de leur entourage connaissant la maladie (21 %) ou des communautés en ligne sur Internet (7 %). D’après l’enquête Viavoice, une majorité de Français se considère suffisamment informé sur la pathologie (58,4 %). Le sondage TNS va dans le même sens, soulignant une prise de conscience des Français quant à l’impact de la maladie sur la vie quotidienne des personnes atteintes et leurs aidants. Mais les Français cernent encore mal les difficultés rencontrées par les proches de malades. Une majorité d’entre eux estime par exemple que le plus difficile à supporter est le fait de ne plus être reconnu par les personnes malades (51 %). Du côté des aidants interrogés dans le cadre de l’enquête, cette conséquence (qui arrive tardivement dans l’évolution de la maladie) est relativisée (à 24 %). Ils citent toutefois d’autres conséquences sous-estimées des Français comme l’agressivité de la personne malade (24 % vs 13 %) ou la peur que le malade se blesse (16 % vs 6 %). Les Français n’appréhendent que très mal les modalités de la prise en charge de la pathologie (seuls 23 % déclarent bien les connaître).

« Le travail de sensibilisation auprès du grand public a fonctionné mais il en est resté au premier stade. C’est aux étapes qui suivent l’annonce de la maladie que les Français ne sont pas préparés », constate l’Espace national de réflexion d’éthique sur l’Alzheimer.

 DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9161