Des blouses blanches, une tache rouge sang sur le cœur, pour dénoncer le « massacre » d'Alep. Une centaine de personnels de Médecins du Monde (MDM) et de l'Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM) se sont réunis sur le parvis des Droits de l'homme, au Trocadéro, à Paris, en « soutien à ceux qui soignent en Syrie ».
« Nous sommes là pour crier notre indignation par rapport à ce qui se passe maintenant depuis des mois, ce massacre qui se déroule sous nos yeux. Nous ne nous résignons pas ! », s'est exprimé le Dr Françoise Sivignon, la présidente de MDM.
« Nous demandons que les populations civiles piégées dans Alep-Est puissent sortir. Nous demandons continuellement une évacuation des blessés, qui n'a pas été acceptée, s'est-elle écriée. On a l'impression qu'il n'y a plus de limite aux violations du droit humanitaire international. »
« Cela fait six ans que les personnels de santé sont visés, ciblés. Et 750 personnels soignants ont trouvé la mort. Il n'y a plus aucun hôpital qui fonctionne dans la zone d'Alep depuis le 12 août. Cette population n'a plus de soins ! », a déploré au mégaphone le Dr Raphaël Pitti, un responsable de l'UOSSM, de retour de son 17e voyage en Syrie. « Le droit humanitaire meurt à Alep », a-t-il dénoncé, appelant à la conscience de tous.
Appel au cessez-le-feu
Le Dr Gérard Pascal, chirurgien, et responsable mission Syrie à MDM, n'a pas de mots assez durs pour exprimer son indignation « face à cette situation intolérable, au massacre d'un peuple par un bourreau, Bachar al-Assad, avec la complicité des Russes et des milices chiites soutenues par l'Iran ».
« À Alep-Est, des civils sont blessés, tués, et affamés. Et la petite trentaine de médecins, héroïques, qui restent, ne peut plus les soigner. Toutes les structures médicales ont été détruites », poursuit le Dr Gérard Pascal. Avant le 15 novembre, on estimait à quelque 250 000 personnes la population résidant à Alep-Est. Mais depuis le début de l'offensive du régime de Bachar al-Assad, qui contrôlerait aujourd'hui 85 % des quartiers tenus par les rebelles, près de 410 civils dont 45 enfants auraient été tués selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Et 105 civils dont 35 enfants auraient péri à Alep-Ouest.
Les équipes de MDM travaillent essentiellement depuis la frontière turque, pour soutenir leurs partenaires dans le nord de la Syrie, à Alep et Idlib, et acheminer de l'aide. Les territoires sous contrôle du régime syrien semblent des trous noirs, où il est difficile de suivre le devenir de l'aide humanitaire, sans parler des personnes qui fuient Alep.
« Il faut un cessez-le-feu immédiat et durable, qui ne soit pas d'abord conditionné à des négociations politiques, afin de prendre en charge sur place les populations et d'apporter les ressources médicales nécessaires, et, le cas échéant, de les évacuer, pour les protéger », avance le Dr Pascal. Une force d'intervention neutre, émanation de tous les continents, devrait garantir le maintien de cessez-le-feu. « Il faut que cette boucherie cesse, et ensuite que les interlocuteurs politiques se mettent autour de la table de négociations », conclut-il.
Réunion internationale samedi
Dans un communiqué ce 8 décembre, les casques blancs, les secouristes opérant à Alep-Est, ont appelé à l'aide le Comité international de la Croix-Rouge, l'ONU et le Conseil de sécurité pour leur assurer un passage sûr, avant l'arrivée des forces gouvernementales. « S'ils ne sont pas évacués, nos volontaires risquent la torture ou l'exécution dans les centres de détention du régime. Nous avons de bonnes raisons de craindre pour nos vies », s'alarment-ils.
Une réunion internationale doit se tenir samedi à Paris sur la Syrie, alors que l'Assemblée générale de l'ONU doit voter ce vendredi un projet de résolution non contraignante demandant un cessez-le-feu immédiat en Syrie et un accès pour les convois humanitaires.
Le conflit a fait depuis mars 2011 plus de 300 000 morts et a contraint à l'exode plus de la moitié de la population.
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