Pour lutter contre les allergies, il faut parfois s'attaquer à la source : les allergènes domestiques au domicile du patient.
C'est pour les identifier et proposer des mesures correctrices que la profession de conseiller médical en environnement intérieur (CMEI) a été créée à Strasbourg en 1991. Depuis, elle s'est généralisée à toute la France et existe en Rhône-Alpes depuis quatre ans. « Je suis envoyé chez les patients qui en ont le plus besoin par l'Agence régionale de santé (ARS) pour réaliser des expertises de l'environnement intérieur, explique Loïc Espie, CMEI à Lyon. Le médecin spécialiste (pneumologue, allergologue, pédiatre) fait une prescription médicale dans laquelle il demande un audit de la qualité de l'air au domicile d'un patient. L'ordonnance nous est renvoyée et nous contactons la personne pour prendre un rendez-vous ».
Lorsqu'il arrive sur les lieux, Loïc Espie commence par interroger le patient sur la perception de son logement, de son bâtiment, sur ses habitudes, etc. « On le questionne par exemple sur son utilisation, parfois abusive de parfums d'intérieur, huiles essentielles ou encens », détaille Loïc Espie. Il cherche aussi à savoir si des travaux ont été réalisés récemment et les produits utilisés. Puis, il réalise un bilan pièce par pièce pour mettre en lumière des choses à corriger. Il dispose d'une trentaine d'appareils de mesure qu'il utilise au cas par cas pour étudier les flux d'air à l'intérieur du logement, mesurer la température, le confinement, les composés organiques volatils, le monoxyde de carbone, les particules, etc. « J'ai aussi des boîtes de prélèvement de contact pour récolter des moisissures », ajoute-t-il.
Problèmes d'humidité
Il passe en moyenne 2 à 3 heures chez le patient, pour chercher des polluants biologiques, chimiques ou physiques en lien avec les activités des personnes, la vétusté de leur habitation ou du bâtiment, ou une mauvaise installation des équipements dans le logement. L'objectif est de « faire de la prévention et d'apporter des éléments pour mieux comprendre la pathologie du patient », explique Loïc Espie. Le problème le plus courant, c'est « le confinement et l'humidité dans le logement ». Selon les cas, il oriente les patients vers des professionnels pour réaliser des travaux ou vers des associations. « Quand ils sont locataires, on leur conseille parfois de changer d'habitation. Le but n'est pas de leur faire faire des travaux et dépenser de l'argent, mais de proposer des améliorations », déclare-t-il. Les conseils les plus courants sont d'ailleurs peu coûteux : ne pas utiliser de produits de diffusion dans l'air comme l'encens ou les huiles essentielles, entretenir ses bouches de ventilation mécanique contrôlée (VMC) régulièrement, faire attention aux produits de rénovation utilisés et ne pas les mélanger entre eux, éviter de surchauffer, ne pas stocker trop de choses dans une pièce, etc. Et bien sûr, aérer dix à quinze minutes le logement matin et soir. « Les gens craignent la pollution extérieure, mais ils ne savent pas que c'est plus pollué à l'intérieur de leur logement », souligne Loïc Espie.
Après son audit, ce dernier envoie un résumé au médecin spécialiste. Les patients sont recontactés six mois plus tard pour savoir s'ils ont effectué les modifications préconisées. Les patients sont « très demandeurs et très curieux », constate Loïc Espie, et ce, malgré le caractère intrusif de la démarche. « Souvent ils sont conscients que quelque chose ne va pas dans leur logement mais ils ne parviennent pas à mettre le doigt dessus », poursuit-il. Le compte-rendu du CME permet au médecin d'identifier ce qui entre en interaction avec la pathologie et le traitement. « Les retombées de mes interventions sont difficiles à quantifier, mais c'est un complément dans la lutte contre les allergies et ça ne peut être que bénéfique », conclut Loïc Espie.
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