L’AIDANT est-il reconnu par notre société ? La question peut se poser, mais le lancement d’une journée nationale qui lui sera désormais consacrée le 6 octobre tend à laisser penser que oui. Du moins dorénavant.
Et l’aidant est-il reconnu au sein de son entreprise ? L’enquête menée par la fondation d’entreprise Novartis semble également répondre positivement.
Soutenue par la fondation, la revue « Réciproques » a consacré son troisième numéro à cette problématique particulière. Et qui sera, expliquent les spécialistes, forcément croissante. « Avec l’allongement de la vie au travail ou au chômage, et des salariés qui seront bientôt doublement pivots, susceptibles de s’occuper dans le même temps de leurs parents ou grands-parents et de leurs enfants ou petits-enfants, les aidants vont occuper une place de plus en plus grande dans l’entreprise », souligne Serge Guérin, sociologue.
« Il est urgent de penser l’aide familiale au sein de l’entreprise, poursuit Thierry Galvat, délégué général de la Fondation Novartis. Aujourd’hui, ils représentent un actif sur 12 mais on estime que dans un horizon de 15 ans, ils seront 1 sur 6.Or on sait que ces situations-là ne sont pas sans impact sur l’organisation des entreprises. » Dans l’enquête, la grande majorité des aidants déclarent réussir à concilier vie personnelle et vie professionnelle, ajoutant même que le fait d’aider un proche a des répercussions positives sur leur vie professionnelle. Trois pour cent seulement ont dû laisser leur travail en raison de la dépendance de leur proche.
Manque de temps, stress et fatigue.
La situation n’est pas taboue : 72 % en ont parlé sur leur lieu de travail à leurs collègues, leurs supérieurs hiérarchiques et, dans une très moindre mesure, au médecin du travail (seulement 14 %). Et 58 % des personnes interrogées ont le sentiment d’être prises en compte en tant qu’aidants par leur direction et, même, 52 % ne voudraient pas l’être davantage. C’est essentiellement le manque de temps, le stress engendré et la fatigue qui sont indiqués comme difficultés liées à la situation d’aidant.
Pourtant, l’impact des aidants, ou plus précisément des situations d’aidants dans l’entreprise, est « significatif », estiment les enquêteurs. Pour 26 % des aidants interrogés, le nombre de jours de congés (congés sans solde ou arrêt maladie) s’est élevé à 16 au cours de l’année passée. Et 44 % ont eu recours à au moins une forme d’aménagement au cours de leur vie professionnelle : flexibilité des horaires et temps partiel essentiellement. Tandis que 15 % estiment avoir été pénalisés par cette situation au cours de leur évolution professionnelle, soit en se voyant refuser une promotion (9 %) soit en devant la refuser eux-mêmes(11 %).
Au total, le manque à gagner annuel est estimé à 20 % de leurs revenus, souligne Thierry Galvat, « c’est considérable dans une carrière ». « L’entreprise ne peut plus faire sans ces nouveaux éléments-là, confirme Serge Guérin, il faut favoriser la conciliation entre vie d’aidant et vie professionnelle, tout comme, il y a un siècle, s’était posée la question de la vie professionnelle des femmes ».
Gontran Lejeune, qui préside le CJD (centre des jeunes dirigeants d’entreprises) ressemble un peu au chef d’entreprise modèle, celui dont tous les employés pourraient rêver. Il a lui aussi contribué à ce numéro de Réciproques. « L’entreprise est uniquement valorisée par son bilan comptable et économique. Tout ce qui concerne les formations, les actions de solidarité ou d’écologie passe en coûts », déplore-t-il. « Il faut oser parler de sa fragilité au sein de son entreprise, même si le lieu est iconoclaste. Les frontières qui voudraient séparer hermétiquement la vie personnelle et la vie professionnelle ne tiennent plus. On doit passer de l’entrepreneur solitaire à l’entrepreneur solidaire. »
La revue Réciproques est disponible sur demande ou en téléchargement sur http://www.proximologie.com.
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