LE TRIBUNAL de Nantes a donné raison à Didier Jambart, qui demandait réparation au laboratoire GlaxoSmithKline pour l’addiction au sexe et au jeu provoquée selon lui par le médicament qu’il avait pris entre 2003 et 2005 pour soigner sa maladie de Parkinson (ropinirole, Requip).
M. Jambart, 51 ans, réclamait 450 000 euros au laboratoire et à son ancien neurologue en dédommagement des conséquences du besoin compulsif de jouer qui l’a conduit à dilapider les économies familiales et à voler les coordonnées bancaires de collègues et de proches et de l’hypersexualité qui l’a entraîné à s’exhiber sur Internet, à se travestir et à se faire violer. Ces comportements sont intervenus quelques mois après le début du traitement et ont cessé après l’arrêt de celui-ci. Le patient a obtenu 117 000 euros en réparation de la part du laboratoire, qui devra aussi indemniser la CPAM à hauteur de 11 315 euros.
L’avocat de GSK avait fait valoir que « sur la base des données scientifiques de l’époque, il n’existait aucun indice d’effets (indésirés) de la ropinirole ». Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les effets indésirables sont indiqués sur la notice depuis 2006. Et en 2009, après qu’une centaine de cas de troubles compulsifs de ce type ou à base de punding (comportements répétitifs sans buts) ont été rapportés chez des patients traités avec un ou plusieurs médicaments dopaminergiques, tels que la ropinirole ou la lévodopa, l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a adressé une mise en garde aux professionnels de santé.
D’autres malades seraient prêts à se porter en justice, en France et à l’étranger. Un avocat marseillais est en train de créer l’organisation Parkinson International Victims pour centraliser les dossiers. Mais la portée du jugement du tribunal de Nantes est limitée par le fait qu’il ne concerne que l’absence d’indication des effets secondaires sur la notice au moment de la prescription, c’est-à-direavant2006.
Facteurs de risque.
Selon le neurologue Pierre Pollak (Hôpitaux universitaires de Genève), interrogé par l’AFP, 15 % des patients parkinsoniens qui prennent des dopaminergiques développent des troubles du comportement, dont 5 % avec jeu pathologique. « Les facteurs reconnus qui font qu’un patient est plus à risque de développer un trouble du comportement, précise-t-il, sont le sexe masculin, le jeune âge et le début précoce de la maladie. Un antécédent de trouble du contrôle des impulsions, des antécédents personnels ou familiaux de toxicomanie, de dépression ou de troubles bipolaires. Et une personnalité caractérisée par la recherche de plaisir, de la nouveauté. »
« Avant ces médicaments, explique le spécialiste, la maladie de Parkinson était gravissime, on était en fauteuil roulant au bout de quelques années, on mourait au bout de 10 ans. Maintenant on vit avec. » Y a-t-il d’autres possibilités ? Plusieurs classes de molécules sont à l’étude et la chirurgie (stimulation cérébrale) peut être intéressante pour les parkinsoniens jeunes, permettant de prendre très peu de médicaments.
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