DIX ANS de prison ferme avaient été requis par l’avocat général. Les deux époux, Joël et Sergine Le Moaligou, âgés aujourd’hui de 45 et 40 ans, comparaissaient libres à l’audience, après avoir fait quatre mois de détention préventive. Grâce aux remises de peine, ils ne devraient pas retourner en prison. « Nous ne sommes pas là pour porter un jugement sur un mode de vie différent, mais pour décider si cet homme et cette femme ont commis un défaut de soins ayant entraîné la mort de leur enfant », a déclaré Anne-Laure Sandretto, avocate générale.
Alors que Louise était atteinte d’une bronchite, les parents avaient tenté de la soigner avec des cataplasmes d’argile, de choux, avec des sinapismes à base de farine et de moutarde et des massages à l’huile de camphre et d’ail. Inquiets de l’affaiblissement de l’enfant, ils avaient appelé les pompiers qui n’avaient pu que constater la mort. Allaitée par sa mère, qui suivait un strict régime végétalien, Louise ne pesait que 5,7 kg contre une moyenne de 8 kg à cet âge. L’autopsie avait révélé une carence en vitamines A et B12. « Ce sont des parents qui en voulant surprotéger » leur enfant « l’ont laissée mourir », a plaidé l’avocat de la mère, évoquant « un paradoxe immense ». L’avocate générale a toutefois souligné « l’aveuglement, la certitude d’être dans le vrai » du couple qui, durant « les derniers jours avant la mort », avait constaté « sans réagir » la perte de poids de l’enfant.
Carences.
Moins répandu mais plus restrictif que l’alimentation végétarienne, le régime végétalien (sans œufs ni produits laitiers) conduit inévitablement, dans la durée, à des carences multiples, et nécessite une supplémentation, préviennent des spécialistes de la nutrition, interrogés par l’AFP. Ils la proscrivent chez l’enfant, dont la croissance entraîne des besoins proportionnellement plus importants en protéines, vitamines et minéraux, et la femme enceinte. Une carence en vitamine B12 est inévitable, puisque cette vitamine « n’existe que dans les produits d’origine animale », souligne Patrick Tounian, responsable de l’unité de nutrition pédiatrique de l’hôpital Armand-Trousseau (Paris). Or l’enfant, contrairement à l’adulte, n’a pas de réserve en vitamine B12. Si la mère est végétalienne depuis plusieurs années, il naît carencé et la carence s’accentue lorsqu’il est allaité. « Très rapidement il peut faire des complications », souligne le Pr Tounian. Le médecin met aussi en garde contre les carences en fer, en calcium ou encore en zinc. En apport en fer, « 100 g de viande de bœuf, c’est l’équivalent de 1,25 kg de lentilles et de deux kilos d’épinards », précise le Pr Tounian. Pour les plus petits, il recommande d’éviter les substituts du lait à base de végétaux « qui ne sont pas officiellement destinés aux nourrissons et qui sont fortement carencés, notamment en fer et en calcium ». Il y a une alternative possible avec les « préparations infantiles à base de protéines de soja ou de riz, dont la composition est conforme à la réglementation européenne », précise-t-il. De manière générale, « il faut savoir que sur le long terme, on n’est pas fait pour ça », indique le nutritionniste Patrick Serog, soulignant que « nous sommes des omnivores ».
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