Quelles soient physiques ou psychologiques, issues du cercle familial ou professionnel, « les violences faites aux femmes sont bien un problème de santé publique, mal pris en compte, qui coûte très cher à la société : au minimum 2,6 milliards d’euros par an. Si l’on n’arrive pas à mobiliser là dessus, c’est qu’on n’est pas très bon et qu’on n’utilise pas les bons leviers », déclare le Dr Pierre Foldes, l’inventeur de la chirurgie réparatrice des mutilations sexuelles féminines et cofondateur de l’Institut en santé génésique (IGS), à l’occasion d’un colloque organisé mi-novembre à Boulogne-Billancourt, en amont de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Depuis un an et demi, et l’ouverture opérationnelle de cet institut, implanté au centre hospitalier intercommunal de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), pas moins de 650 femmes victimes de violences ont été prises en charge par une équipe pluridisciplinaire (infirmières, assistantes sociales, médecins, psychologues, juristes).
Des résultats probants
« Sur ces 650 femmes, on a résolu complètement le problème pour 200 d’entre elles. Elles sont devenues des femmes qui ne souffrent plus, se sont remises au travail et se sont réinsérées dans la société, évoque le Dr Foldes. Notre plus grande réussite jusqu’à présent, c’est d’avoir sorti d’affaire des femmes qui étaient en échec depuis des années. Des femmes qui avaient pourtant de nombreux professionnels autour d’elles mais dont l’aide s’est avérée inefficace », souligne le chirurgien.
Mais quelle est donc la clé de la réussite dans la prise en charge de ces victimes de violences ? « Il faut prendre en compte la complexité des cas et essayer de répondre à tout de façon globale et simultanée, résume-t-il. Si vous faites à peu près tout mais qu’une femme reste par exemple précaire parce que l’auteur des violences a volé sa carte Bleue et qu’elle ne peut pas nourrir ses enfants, on va droit à l’échec », illustre le médecin.
Besoin de médecins
Depuis l’ouverture de l’institut, le recrutement des patientes a considérablement évolué : « Au début, on avait les Yvelines, puis Paris, la petite couronne, puis le reste de la France, voire des personnes qui viennent désormais du monde entier. C’est la confirmation que notre modèle est quelque chose d’innovant et en rupture avec ce qu’il se fait. Il est nécessaire aujourd’hui de le pérenniser, l’amplifier et le dupliquer », indique le Dr Foldes. Parmi les 25 bénévoles de l’Institut en santé génésique figurent 5 médecins, principalement des retraités actifs, des professionnels exerçant au centre d’urgence de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye et quelques diabétologues, dermatologues ou gynécologues. « L’institut recherche toujours des généralistes, des internes, des gynécologues et des psychiatres car les besoins sont importants », glisse le Dr Foldes.
Moyens financiers
Soutenu essentiellement par des dons issus du secteur privé, l’Institut en santé génésique est en quête de moyens supplémentaires pour développer son approche innovante. « Tous les professionnels qui aujourd’hui composent l’institut ne sont pas encore rémunérés. Ce n’est pas une situation qui peut se pérenniser », insiste Frédérique Martz, cofondatrice de la structure, qui compte notamment beaucoup sur l’humoriste Florence Foresti, marraine de l’IGS pour porter davantage cet engagement de professionnels sous le feu des projecteurs.
Des propositions pour débloquer des situations
À l’occasion de ce colloque, l’Institut en santé génésique a émis quelques propositions concrètes. Le Dr Pierre Foldes et Frédérique Martz ont notamment défendu l’idée d’un « pack violence » avec une « prise en charge initiale medico-psychologique, en incitant les mutuelles ou ARS à prévoir un cadre formel de déclenchement ».
Dans le but de raccourcir les délais de dépôts de plaintes des victimes, les responsables de l’IGS soutiennent la voie d’une forme « dématérialisée », ainsi qu’un dispositif de « pré-plainte » pour faciliter les démarches.
Outre des actions pour améliorer l’information des victimes sur les procédures policières et judiciaires en cours, Frédérique Martz a incité les pouvoirs publics à agir sur la question cruciale du « non-paiement des pensions alimentaires », qui précarise considérablement les femmes victimes de violence.
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