Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) a remis ce 16 avril à la ministre de la Santé et des droits des femmes Marisol Touraine, et à la secrétaire d’État Pascale Boistard, son avis sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun.
« Ce sont des manifestations du sexisme qui affectent le droit à la sécurité et limitent l’occupation de l’espace public par les femmes (...). Le harcèlement sexiste se caractérise par le fait d’imposer tout propos ou comportement, à raison du sexe, de l’orientation ou de l’identité sexuelle qui a pour objet ou effet de créer une situation intimidante, humiliante, dégradante ou offensante, portant ainsi atteinte à la dignité de la personne », lit-on dans le rapport du HCEfh. Le harcèlement peut se manifester par des sifflements, commentaires, ou injures, tandis que les violences sexuelles recouvrent l’exhibition et les agressions sexuelles (mains aux fesses, attouchements, viol), le tout formant un continuum de violences.
100 % des femmes concernées
Selon le HCEfh qui se base sur des consultations citoyennes auprès de 600 femmes de Seine-Saint-Denis et d’Essonne en mars 2015, 100 % des utilisatrices des transports en commun ont été victimes, au moins une fois dans leur vie, de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles ; 50 % étaient mineures.
Dans les transports, 2/3 des victimes d’injures et insultes et la majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes. Elles sont très exposées dans les bus et bus scolaires, entre 8 heures et 20 heures.
Les hommes ne sont pas épargnés. Victimes de coups et blessures, ils sont violentés dans les trains, à partir de 21 heures.
Le sentiment d’insécurité est partagé par 6 femmes sur 10, et 3 hommes sur 10.
Le HCEfh propose un grand plan national d’action : « Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne », articulé aux plans nationaux de lutte contre les violences faites aux femmes, et aux politiques de sécurisation des transports.
Victimes, agresseurs, témoins, et tout citoyen sensibilisé
La première des trois orientations vise à définir le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans l’espace publique, grâce à l’adoption d’une définition partagée pour les dénoncer, la réalisation d’une étude et enquête de victimation, et l’organisation de consultations citoyennes. Le HCEfh préconise d’associer les usagers et usagères des transports pour co-construire les diagnostics et réponses à apporter à l’échelle nationale et locale.
Les transports sont au cœur de la deuxième orientation. Le Haut conseil recommande d’adapter et de faire connaître les systèmes d’alerte existant (comme le 3117 à la SNCF ou les bornes d’alerte), de permettre des signalements a posteriori sur les sites Internet et les réseaux sociaux des entreprises de transports, de former leurs agents à protéger et orienter les victimes, d’expérimenter le programme « entre deux arrêts » qui consiste à rapprocher une personne seule de sa destination en lui permettant de descendre hors les arrêts prévus, et de respecter une charte luttant contre le sexisme et les stéréotypes dans les publicités affichées dans les transports.
Une campagne de sensibilisation
Enfin, les pouvoirs publics sont incités à mieux faire connaître le phénomène pour l’endiguer. Le Haut conseil demande l’organisation d’une campagne de sensibilisation pour débanaliser ces violences, à destination des victimes, des auteurs, et des témoins. L’Éducation nationale devra sensibiliser filles et garçons sur le harcèlement sexiste. Et l’État doit assurer une meilleure application de la loi, avec les moyens financiers et humains adéquats.
Saluant un rapport « de grande qualité », Marisol Touraine a annoncé sur iTÉLÉ que « le gouvernement prendrait des mesures fortes d’ici quelques semaines parce qu’il n’est pas tolérable de ne pas pouvoir prendre un transport en commun sans être importunée ».
« Les femmes doivent pouvoir circuler et occuper l’espace public sans être mises en danger ou menacées de l’être. C’est une liberté fondamentale. Il faut sensibiliser le public et travailler à la "République du respect" », a déclaré Pascale Boistard.
Un groupe de travail sur les violences faites aux femmes dans les transports doit rendre ses conclusions en juin. La campagne recommandée par le Haut conseil pourrait débuter à la rentrée.
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