Alors que le virus de la grippe aviaire a été détecté chez quatre personnes fortement exposées à des volailles au cours de l'année 2022, un « DGS-Urgent » préconise une vigilance renforcée vis-à-vis du risque de transmission à l'homme des virus influenza d'origines aviaire et porcine. De fait, la DGS insiste sur l'importance de la vaccination contre la grippe saisonnière des professionnels exposés au risque.
Depuis l'automne 2021, des virus influenza aviaires hautement pathogènes (sous-type H5N1 du clade 2.3.4.4b en particulier) se propagent de manière extrêmement rapide sur la quasi-totalité des continents (Europe, Amérique, Asie et Afrique). « La saison hivernale 2021-22 a été marquée par la plus grande épizootie jamais enregistrée en Europe », souligne la Direction générale de la santé (DGS), qui précise que les virus ont continué à circuler de manière inhabituelle au cours de la saison estivale également. Une nouvelle flambée épizootique durant cette saison est redoutée.
Quelques cas de transmission à l'homme mais pas interhumaine
De plus en plus de passages de la barrière d'espèce sont par ailleurs observés. « Une proportion élevée de mammifères (renards, mammifères marins) retrouvés infectés par ces virus présente une atteinte des tissus cérébraux », écrit la DGS. En 2021 et 2022, le virus de la grippe aviaire a été détecté par RT-PCR chez plusieurs personnes fortement exposées à des volailles infectées : une au Royaume-Uni, une aux États-Unis et deux en Espagne. Ces infections étaient asymptomatiques ou caractérisées par des symptômes très légers. Aucune transmission interhumaine n’a été mise en évidence.
Des virus influenza porcins circulent également activement au sein des élevages français. « Tous les virus influenza porcins présentent un potentiel zoonotique », souligne la DGS, rappelant qu'« un cas d’infection humaine par un virus influenza d’origine porcine (H1N2) nécessitant une hospitalisation est survenu en septembre 2021 en Bretagne, sans transmission interhumaine mise en évidence ».
Dans ce contexte, la DGS appelle à la vigilance « pour assurer la surveillance de ces virus et leur détection chez l’homme et mettre en œuvre les mesures de prévention ».
En cas de suspicion, isoler l'individu et identifier ses cas contacts
La DGS rappelle ainsi les préconisations de Santé publique France de février 2022 et actualisée fin octobre - qui s'appuient sur l'avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 10 décembre 2021 - quant à la conduite à tenir face à un cas humain suspect ou confirmé de grippe due à un virus influenza aviaire ou porcin. La mission nationale de Coordination opérationnelle sur les risques épidémiques et biologiques (Coreb) a de son côté actualisé sa fiche « Vigilance grippe aviaire » pour la prise en charge de premier recours.
Tout patient présentant de la fièvre et des signes respiratoires doit être interrogé sur ses expositions à risque au cours des 10 jours précédant les symptômes : contact avec des oiseaux, des porcins sauvages ou domestiques ou leurs déjections, surtout en cas d’exposition fréquente prolongée (professionnel), ou contact à moins d’un mètre sans protection avec un patient confirmé d’infection à l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ou à virus influenza d’origine porcine surtout en cas de symptômes respiratoires chez le patient.
« La suspicion de grippe liée à un virus influenza d’origine aviaire ou porcine doit ainsi être évoquée pour toute personne symptomatique face à une situation d’exposition à risque (...) et après élimination de l’ensemble des diagnostics différentiels, en premier lieu desquels la grippe saisonnière (impliquant un sous-typage en RT-PCR) et le Covid », détaille la DGS. En cas de suspicion, la personne doit s'isoler et ses contacts doivent être identifiés. Le Centre national de référence des virus des infections respiratoires se charge de l'analyse des prélèvements respiratoires qui vont permettre de confirmer le diagnostic.
Équipement de protection, hygiène des mains et gestion des déchets
Concernant la prévention, le calendrier des vaccinations, suivant un avis de la Haute Autorité de santé (HAS), recommande de vacciner contre la grippe saisonnière les professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires dans un cadre professionnel (éleveurs, vétérinaires, techniciens) pour la campagne 2022-2023.
« Cette vaccination ne constitue pas une mesure de protection individuelle contre les virus zoonotiques porcins ou aviaires mais limite le risque de réassortiment entre des virus animaux (aviaires ou porcins) et des virus humains et prévient la transmission aux animaux (porcs notamment) des virus de la grippe saisonnière », explique la DGS.
Cette vaccination doit s'accompagner de mesures de protection pour tous les professionnels ou acteurs susceptibles d’être en contact étroit avec des oiseaux et porcins infectés, ainsi qu’avec des sous-produits animaux contaminés (cadavres) afin de limiter les risques de transmission. Ces mesures incluent le port d’équipement de protection individuelle (masque, gants, lunettes, sur-tenue), l’hygiène des mains et la gestion des déchets. Elles « doivent être renforcées en cas de circulation d’un virus à potentiel zoonotique avéré (transmission animale/homme) », précise la DGS.
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