Cinq mois après l’apparition du SARS-CoV-2 en Chine, les études portant sur le Covid-19 se chiffrent désormais par milliers. Selon le réseau international institutionnel covid-nma.com, qui les recense en temps réel, plus de 2 369 études dont 809 essais randomisés étaient en cours en date du 18 mai. Au cours de ces dernières semaines, l’actualité a été marquée par plusieurs annonces de résultats. Souvent non reviewées par les pairs, parfois très préliminaires, ou portant sur de faibles effectifs, ces données sont à prendre avec précaution.
Données contradictoires
Parmi les immuno-modulateurs, l’anti-IL6 tocilizumab fait preuve, selon les données préliminaires d’une étude de l’AP-HP, d’une relative efficacité pour prévenir « l’orage inflammatoire », avec moins de patients transférés en réanimation ou décédés. À l’inverse, le sarilumab, un autre anti-IL6, a déçu. Après une première étude prometteuse en Chine, un essai américain mené sur 276 patients a montré que le médicament ne fait pas mieux qu’un placebo dans les formes graves de la maladie, mais avec une tendance positive dans les formes critiques.
Concernant les antiviraux, pour le remdésivir (antiviral développé dans l’infection à Ebola), deux essais randomisés menés en double insu contre placeboont dévoilécoup sur coup des résultats apparemment divergents. Alors que celui mené en Chine est un échec, avec un manque de puissance évident, un autre de plus grande ampleur incluant 47 sites aux États-Unis et 21 en Europe et en Asie concluait à une diminution du temps de guérison, sans effet sur la mortalité.
Autre antiviral, utilisé contre la grippe en Chine et en Russie, l’umifénovir fait l’objet de résultats contradictoires. Il n’a pas confirmé son intérêt, selon une étude rétrospective monocentrique de faible effectif ayant inclus des cas modérés à sévères de Covid-19. Pour sa part, le baricitinib (inhibiteurs de Janus kinases) a livré des résultats exploratoires intéressants pour limiter l’emballement cytokinique dans une très petite étude en ouvert non contrôlée sur 24 patients.
Dans une étude cette fois-ci de phase 2 randomisée multicentrique ouverte, menée à Hong Kong chez 124 patients, la charge virale nasopharyngée diminue et disparaît plus rapidement sous trithérapie interféron bêta 1b - ribavirine - lopinavir/ritonavir que sous lopinavir/ritonavir.
Quant à l’hydroxychloroquine, ses bénéfices restent à démontrer. La plus vaste étude à ce jour, financée par le gouvernement américain, n’a montré aucun bénéfice par rapport à un traitement standard. Une étude chinoise rétrospective incluant 568 patients atteints d’une forme grave du syndrome respiratoire aigu, sous assistance respiratoire, avait, elle, trouvé une réduction significative de la mortalité. Mais deux essais récents publiés dans le BMJ vont dans le sens de l’étude américaine et ne retrouvent pas de bénéfice, que ce soit chez des patients gravement ou plus légèrement atteints.
Article suivant
Pr Pierre Tattevin* : « On a peut-être trop considéré que la gravité et l’urgence justifiaient de griller des étapes »
De premiers résultats disparates
Pr Pierre Tattevin* : « On a peut-être trop considéré que la gravité et l’urgence justifiaient de griller des étapes »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature