Douleur, une vulnérabilité exacerbée

Publié le 17/05/2019
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Migraine, fibromyalgie, troubles de l’articulation temporo-mandibulaire, etc. Pour nombre de douleurs chroniques, les femmes sont surreprésentées avec un sex-ratio allant de 3/1 dans la migraine à 6/1 dans la fibromyalgie. Elles rapportent également des douleurs plus sévères, plus diffuses, volontiers persistantes avec des pics algiques plus fréquents.

Les causes précises de ces spécificités ne sont pas connues. Elles pourraient relever à la fois du sexe et du genre. Outre des raisons génétiques encore mal appréhendées, sur le plan biologique ces différences sont surtout attribuées aux hormones sexuelles, notamment parce qu’elles émergent à la puberté. « Le rôle des hormones sexuelles et en particulier des estrogènes est de plus en plus étayé dans la majorité des douleurs chroniques », assure le Pr Nadine Attal (centre d’étude et de traitement de la douleur, CHU Ambroise Paré). Par exemple, le seuil à la douleur est plus bas lors des menstruations. Mais à ce stade des recherches, « cataloguer les estrogènes et la progestérone comme pro-nociceptifs serait un raccourci erroné car c’est bien plus complexe, nuance le Pr Serge Marchand, neurophysiologiste (université de Sherbrooke, Canada), certains sous-récepteurs oestrogéniques étant protecteurs, d’autres au contraire hyper-algésiques ». Les hormones sexuelles féminines sembleraient influencer l’efficacité du système de contre-irritation (facteur de freinage de la douleur). Plusieurs études ont aussi montré que les œstrogènes réduisaient la sécrétion d'endorphines, accroissant ainsi la sensation de douleur.

Conditionnements Sur le plan du genre ou de l’héritage culturel, les “normes masculines encourageraient une augmentation du seuil à la douleur, alors que les “codes féminins favoriseraient l’acceptation et l’expression de ce symptôme. On observe aussi une difficulté des hommes à mettre des mots sur leurs souffrances physiques.

Enfin, « il existe probablement chez la femme une part de vulnérabilité à la douleur liée à des facteurs de risque associés, pointe Nadine Attal, tels que des troubles anxieux et/ou dépressifs, plus fréquents chez elles et souvent comorbides avec la douleur chronique ».

Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr