Le Covid-19 vu d’Ukraine : « Les personnes qui présentent des symptômes doivent appeler un numéro dédié »

Publié le 10/04/2020

Dans le cadre d’un dossier, Le Généraliste a interrogé des médecins de famille du monde entier pour savoir comment ils vivent la pandémie de coronavirus. Voici l’un des témoignages.

"Nous avons été l’un des derniers pays européens à entrer en quarantaine car nous avions très peu de cas jusqu’à récemment. L’Ukraine vit une crise économique importante et nous sommes en guerre avec la Russie à l’est du pays. Par conséquent, beaucoup d’Ukrainiens vont travailler dans d’autres pays d’Europe : en Italie, au Portugal, en République tchèque, en Slovaquie... Depuis que les quarantaines ont démarré un peu partout, ces travailleurs exilés rentrent en Ukraine. Rien que dans ma région, à la frontière avec la Slovaquie et la Hongrie, 7 000 personnes sont ainsi rentrées. Sur le pays, cela représente plus de 15 000 Ukrainiens. Avant ces retours, nous n’avions presque aucun cas, mais nous avons commencé à en avoir avec ces migrations.

Des dépistages uniquement à Kiev En Ukraine, la plupart des généralistes travaillent dans des centres municipaux avec un système par capitation. Chaque praticien a en moyenne la charge de 2 000 patients. Depuis le début de l’épidémie, nous avons réorganisé le système. Les patients chroniques ne doivent plus aller dans les centres de santé, ou juste pour les urgences. Nous communiquons bien plus par téléphone avec nos patients, par WhatsApp, Viber… Les hôpitaux ont déprogrammé toute l’activité qui n’était pas urgente et certains services, comme la cardiologie, se sont organisés pour pouvoir eux aussi accueillir des patients Covid-19 en cas de besoin. Les personnes qui présentent des symptômes doivent appeler un numéro dédié. Si le patient a besoin d’une hospitalisation, des symptômes graves, une ambulance équipée vient le chercher à domicile pour l’emmener vers le service d’infectiologie. En Ukraine, nous réalisons très peu de tests PCR car ils ne peuvent être faits que dans un seul endroit dans le pays, à Kiev.

Contamination religieuse L’Ukraine a une population très religieuse avec plusieurs communautés : catholiques, gréco-catholiques et orthodoxes russes. Depuis le début de la quarantaine, les églises sont fermées et les messes interdites. Mais la communauté orthodoxe russe ne respecte pas ces règles et continue à organiser des messes. Il y a donc des foyers épidémiques qui naissent après ces rassemblements avec des prêtres et fidèles infectés."

Propos recueillis par Amandine Le Blanc

Source : lequotidiendumedecin.fr