Récit d'anticipation

Marseille 2040 : demain, c’est déjà aujourd’hui

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Publié le 19/12/2022
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En 2018, le journaliste marseillais Philippe Pujol livrait un récit d'anticipation sur le système de santé, véritable enquête journalistique réalisée à partir de centaines d'entretiens. Il place son récit à Marseille en 2040, une dizaine d'années après une crise sanitaire qui a complètement rebattu les cartes de l'ancien système.

Crédit photo : Flammarion

« Cette satanée grippe aviaire venue de Chine en plein été (…) En pleine canicule, les gens se ruaient aux urgences, les services de réanimation étaient saturés. Au début, la grippe aviaire a inquiété mais elle n’atteignait que peu de gens. On n’a pas eu le temps de faire un vaccin (…) Mais la canicule affaiblissait les résistances, en particulier chez les personnes âgées, et puis la grippe s’est propagée dans les hôpitaux via les services d’urgences. Cerise sur le gâteau, certaines complications étaient très graves (pneumopathies aiguës) et la population a paniqué. »

Cette description d’une crise sanitaire semble étonnamment familière. Pourtant, ces lignes ont été écrites en 2018 dans l’ouvrage Marseille 2040, de Philippe Pujol. Le journaliste marseillais y décrit un système de santé complètement bouleversé en 2040 suite à une crise sanitaire en 2028 ayant provoqué le « Flash » (faille latérale du système hospitalier). La crise a permis de faire table rase d’un système de santé vieillissant et a laissé la place à un modèle où l’intelligence artificielle tient une place prépondérante. Les algorithmes ont pris la main sur le diagnostic médical. Chaque citoyen a son propre assistant virtuel et a abandonné la protection de ses données au profit de « La Grande Transparence ».

« Formateurs patients »

Le pivot de ce nouveau système de santé est la valeur perçue par le patient et son entourage. Désormais, le système de soins a été réorganisé autour d’unités de proximité dites U1 qui s’occupent de la prévention, des soins et des urgences courantes. Viennent ensuite les U2, autour des spécialités pour les « investigations » et traitements impossibles à mettre en œuvre en U1 ainsi que les chirurgies. Les « formateurs patients » ont pris de l’ampleur, la démocratie sanitaire également. Le suivi des programmes d’éducation thérapeutique par les patients conditionne leur prise en charge par l’assurance maladie.

Un futur qui ne paraît pas si fantaisiste. Et pour cause. Si Philippe Pujol a romancé son récit, il s’est appuyé sur des centaines d’entretiens avec divers médecins, spécialistes du système de santé chargés de lui décrire leur discipline en 2040. Un récit en partie prémonitoire, donc…


Source : Le Généraliste