Applications mobiles dédiées à la nutrition

Vers de nouveaux outils d’accompagnement

Publié le 22/01/2015
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Crédit photo : PHANIE

Il existe aujourd’hui des centaines d’applications mobiles dédiées à la nutrition permettant par exemple, de consulter les apports nutritionnels des aliments, de saisir les repas consommés pour en visualiser le bilan nutritionnel, de sélectionner les aliments adaptés à un régime spécifique… Mais, en France, en matière de coaching du patient, aucune application dédiée à la nutrition n’a été validée d’un point de vue scientifique et ne peut donc être utilisée et/ou prescrite par des médecins.

« Dans les revues anglo-saxonnes, la littérature sur les applications mobiles confirme le fait que l’immense majorité des applications de nutrition actuellement disponibles sont inutiles, peu fiables. Les seules applications que les nutritionnistes utilisent, aujourd’hui, sont celles mesurant l’indice de masse corporelle des patients et indiquant l’apport calorique des aliments », souligne le Dr Boris Hansel, endocrinologue-nutritionniste à l’hôpital Bichat.

Un suivi sur mesure

Le service de diabétologie-endocrinologie de cet hôpital parisien expérimente pour sa part, depuis 2 ans, un programme de coaching en ligne pour les personnes diabétiques et en excès de poids, destiné à devenir une application mobile. L’objectif : obtenir en 4 mois une amélioration des habitudes alimentaires et du niveau d’activité physique par un suivi nutritionnel sur mesure et évolutif selon les progrès du patient. Il fait actuellement l’objet d’une étude clinique « Nous avons développé le programme A.N.O.D.E (Accompagnement nutritionnel de l’obésité et du diabète par e-coaching) en collaboration avec la société MXS. Ce programme d’e-coaching comporte des outils d’enquête alimentaire informatisés nous permettant de savoir ce que nos patients consomment ainsi qu’un bilan nutritionnel comparant leurs apports alimentaires aux recommandations du PNNS. Un générateur de menus les aide à composer des menus conformes à leurs choix mais aussi, à ces mêmes recommandations. Il s’y associe un programme de e-learning favorisant leur adhésion aux recommandations de l’OMS en matière d’activité physique », note le Dr Hansel. L’étude en cours, financée par l’AP-HP, est un essai randomisé incluant 120 patients diabétiques de type 2, de 18 à 70 ans. Les résultats seront connus en avril et l’application mobile est en cours d’élaboration.

Gain de temps et télémédecine

Aux États-Unis, un autre programme de coaching en nutrition et activité physique* – similaire à ANODE – destiné à devenir une application smartphone vient de démontrer son efficacité en matière de perte de poids chez les patients obèses. Par ailleurs, le progamme Diabeo** comprenant notamment une application permettant aux patients diabétiques de type 1 et 2 d’ajuster leurs doses d’insuline, en temps réel, via leur Smartphone, a montré un bénéfice clinique chez les diabétiques de type 1 suivis à l’hôpital (étude Télédiab 1, revue Diabetes Care, 2011). À l’heure actuelle, l’application Diabeo n’est, toutefois, accessible qu’aux patients inclus dans l’étude clinique Télésage. « À mon sens, à l’avenir, les applications sérieuses permettront au médecin de prescrire un traitement nutritionnel efficace, peu coûteux, qui lui permettra de gagner du temps. Par le biais de ces applications, le médecin pourra, s’il le souhaite, surveiller l’évolution de ses patients à distance, via des tableaux de bord. Il sera libre d’utiliser ces outils en fonction de sa spécialité, de la typologie et des pathologies de ses patients. L’essentiel est de ne pas faire d’amalgame entre la multitude d’applications non fiables qui existent sur le marché et celles qui seront validées scientifiquement et qui permettront d’optimiser le suivi nutritionnel des patients », indique le Dr Hansel.

*J. Graham Thomas et al., Diabetes Care 38 (2015)

**Diabeo est composé d’une application smartphone et d’un portail web, associés à un service de télésuivi, pour les diabétiques sous insuline. Le portail – mis à disposition des médecins – leur permet un accès aux données de surveillance des patients. Diabeo est en phase finale de développement.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9380