Il est désormais établi que les produits de protection solaire (PPS) ayant un facteur de protection solaire (FPS) supérieur à 15 ont leur place en photo-protection. Toutefois, si ces crèmes, lotions et sprays solaires protègent effectivement des coups de soleil, on ignorait jusqu’alors si elles protégeaient également des cancers cutanés. Une étude australienne dont les résultats ont été connus en 2011 a enfin levé le doute sur cette question. Elle a comparé la survenue de mélanomes au sein d'une population utilisant quotidiennement, ou bien à discrétion, un produit de protection solaire pendant 4 ans. Après un suivi de 10 ans, deux fois moins de mélanomes ont été observés dans le groupe ayant appliqué un PPS chaque jour. L'intérêt de la protection solaire en prévention des mélanomes est donc désormais démontré. Toutefois, les très hauts FPS (indice ›60) n'ont pas montré de supériorité dans la prévention des cancers cutanés. Au contraire, ils pourraient être défavorables car « ils tendent à induire un comportement à risque, en augmentant le temps d'exposition, ou en diminuant la quantité et la fréquence d'application » indique le Pr Jean-Claude Beani, du CHU de Grenoble.
Des filtres à risque ?
Le risque pour la santé pourrait provenir des produits de protection solaires d’indice élevé, plus riches en filtres solaires (minéraux comme chimiques), lesquels peuvent entraîner des réactions allergiques ou irritatives, et passer la barrière transcutanée. Diverses études ont montré la présence de filtres solaires dans le lait maternel, mais celle-ci n'est pas forcément liée à l'usage de PPS (les filtres UV étant présents, entre autres, dans divers produits cosmétiques). Les filtres minéraux, sauf depuis l'apparition des nanoparticules, semblent relativement sûrs, mais les filtres chimiques sont plus inquiétants. « Certains filtres chimiques, dans des études sur des animaux, ont révélé un potentiel de perturbation endocrinienne, et même si le risque lié aux seuls PPS semble peu réaliste, il est souhaitable de ne pas les utiliser sur une peau lésée » recommande le Pr Beani.
Pas de supplémentation en anti-oxydants
« À côté de la protection externe, nous avons souvent des patients qui s'interrogent sur l'intérêt de la prise d'antioxydants (zinc, sélénium, polyphénols...) pour éviter les coups de soleil voire les carcinomes baso-cellulaires » raconte le Pr Marie-Thérèse Leccia, dermatologue au CHU de Grenoble. En effet, le soleil provoque un stress oxydatif au niveau cutané, contre lequel les antioxydants pourraient lutter. Mais leurs effets cliniques en protection solaire se sont révélés décevants. D'une part car les risques de carence, chez les femmes en tout cas, sont rares (leur régime alimentaire, riche en fruits et légumes, les expose moins à ces carences). D'autre part car les antioxydants à haute dose ont des effets pro-oxydants. Ils ne sont donc pas à recommander en tant que protections solaires.
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