Suite à la parution le 1er juin sur notre site internet d'un article sur la colère des praticiens à diplôme étranger (« Les médecins à diplôme étranger exaspérés par les retards de la procédure d'autorisation d'exercice »), nous avons reçu les précisions suivantes d'un membre d'une des commissions pour l'agrément des généralistes.
Il y a certainement un problème, car le CNG (Centre national de gestion des praticiens) a dû faire face à un afflux de dossiers. L'échelon régional est nécessaire car nous permet d'avoir un avis sur le cursus du requérant. Sachez qu'en médecine générale, nous avons à gérer trois commissions : la commission de qualification de la spécialité ; la commission PAE (procédure d'autorisation d'exercice) pour ceux qui ont été lauréats des concours, et qui doivent faire au moins deux ans de stage certifiés et évalués ; et enfin la Padhue (praticiens à diplôme hors Union européenne).
Nous sommes quatre actuellement dans cette commission (une autre commission d'appel de cinq membres travaille également sur le dossier des Padhues). Hier, par exemple, nous avons examiné une vingtaine de dossiers car tous les candidats doivent être convoqués. Cette présence (en visio ou présentiel) est indispensable car cela peut donner du sens à certains dossiers (pas toujours complets).
Mais nous exerçons également à l'Université pour trois d'entre nous et en cabinet libéral, et notre quatrième confrère en libéral. Nous ne pouvons pas nous mobiliser plus de deux fois par mois car nous ne sommes pas des salariés du CNG. Il faut savoir que, lorsque nous donnons une autorisation d'exercice, elle est définitive et valable en Europe. Donc nous ne pouvons pas admettre des autorisations en rabais : c'est quand même notre responsabilité vis-à-vis de la santé de nos patients !
Les dossiers que nous recevons sont différents. Il existe des bons dossiers (rares) qui répondent aux compétences exigées de nos Internes du D.E.S. de médecine générale. Mais pour la plupart, leur cursus suivis ne répondent pas à ces compétences. Certains candidats ont passé les épreuves de concours avec souvent des notes plutôt médiocres. D'autres sont arrivés sur notre territoire depuis très peu d'années et n'ont fait que des urgences : pourquoi ne se sont-ils pas présentés à la Commission Nationale de qualification aux urgences ? D'autres nous assurent avoir exercé dans la discipline mais c'est du déclaratif, non prouvés, et souvent il y a bien longtemps (ne pas oublier le critère d'insuffisance professionnelle au bout de trois ans de non pratique dans la discipline).
Nous sommes conscients qu'il existe un manque important de médecins dans toute la France, et nous en sommes malheureusement les témoins car notre charge en libérale a augmenté. Mais il n'est pas question pour les membres de la Commission d'affecter à ces médecins un diplôme au rabais, ne serait-ce que par respect pour nos étudiants en D.E.S et SURTOUT, pour la santé de nos patients.
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