Problème d’arithmétique : prenons un groupe de 100 personnes qui n’ont pas souhaité se faire vacciner. À J 1, 5 d’entre elles viennent de devenir contagieuses mais on ne sait pas lesquelles. Que peut-on faire pour stopper la contagion au sein de ce groupe ?
Solution : De J 1 à J 14, les 100 personnes de ce groupe porteront un masque. Ainsi, ceux qui démarrent leur contagiosité à J1, ne donneront leur virus à personne et, corollaire, les sujets indemnes ne le contracteront pas puisque ces derniers seront protégés à la fois par leur masque et par celui des contagieux. 14 jours plus tard, au sein de ce groupe, l’épidémie sera terminée, variant compris. Prenons maintenant un groupe d’un million de personnes dans lequel à J 1, 10 000 d’entre elles sont contagieuses. On ne sait pas lesquelles. Que faut-il faire pour qu’à J 14 il n’y ait plus de contagion dans ce groupe ? La même chose. Logique.
Et si ce groupe s’étendait… à la terre entière ? Est-ce que le raisonnement fonctionnerait encore ? Sur le papier oui. Dans la réalité, la question devient : peut-on demander à tous les citoyens du monde de porter un masque sérieusement pendant 14 jours, par exemple à partir du 5 janvier et jusqu’au 19 janvier 2022 ? Immédiatement, on pense à la Chine, à l’Inde, aux pays en guerre…
Alors ici, d’emblée, les pessimistes diront que non. Ils avanceront que comme on a déjà eu du mal à vacciner 37 % de l’Humanité en 10 mois… faire porter un masque à la terre entière pendant deux semaines, ça relèverait de l’utopie. Nous sommes près de 8 milliards !
Les gens portent des masques depuis tant de mois, et ça n’a eu que peu d’effet, alors pourquoi ça marcherait maintenant en 14 jours ? Si on est optimiste, on se dit : pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Deux semaines, c’est court. Porter un masque ce n’est pas compliqué.
Réflexion sur cette option. D’abord, est-ce réalisable ? Deux conditions sont indispensables :
1- Avoir des masques ; de ce côté, il y en a aujourd’hui à peu près partout dans le monde.
2- Disposer d’une bonne communication ; nous avons à notre disposition de fabuleux moyens. Notre époque est celle de l’interconnexion, des téléphones portables, des ordinateurs, d’Internet, des fameux réseaux sociaux. Quand les médias diffusent une information, il ne faut pas plus de quelques heures pour qu’elle fasse le tour de la terre. C’est donc un extraordinaire tissu qui nous relie tous aujourd’hui.
Il reste une dernière condition à remplir : faire passer LE bon message à l’attention de tous les citoyens, dans chacun des pays de la planète. Puis espérer qu’une majorité d’entre eux soient ok pour le mettre en application le jour J.
Un message explicatif, simple, chargé d’espoir ; et surtout : le diffuser partout. À la clef, la fin de la pandémie… En une poignée de jours !
Un fabuleux challenge
On peut être assuré que mener une telle action planétaire serait un fabuleux challenge. Et certainement, un grand nombre de personnes se laisseraient prendre au jeu… Il y aurait bien sûr des dissidents. Mais, devant le constat de tant d’incertitude autour de ce problème que l’on ne résout pas, on peut être assuré d’une participation nettement supérieure à 37 %.
Si besoin en était, on pourrait même, via internet, passer au-dessus des États et des gouvernements, au cas où, arc-boutés depuis plusieurs mois sur la solution des vaccins, ils se montreraient frileux ! Alors, serions-nous capables, nous êtres humains, dits intelligents, de tenter cela ?
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*Mirko Grmek, professeur d’histoire de la médecine, spécialiste de Claude Bernard, fondateur du concept de pathocénose
** A l’image des parties d’un rectangle séparées par une diagonale
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