La parité chez les syndicats représentatifs de médecins, c'est pas encore gagné !
Les femmes représentent 47 % des médecins en activité régulière et 62 % des praticiens de moins de 40 ans, d'après les derniers chiffres de l'Ordre des médecins. Et selon le ministère, 65 % des étudiants en première année de médecine (PACES) sont des femmes. Pourtant, d'après nos calculs établis au sein des bureaux, la présence des femmes dans les syndicats représentatifs – toutes structures confondues – reste très en dessous de ces taux, à 28 % environ.
La part de femmes oscille entre 30 et 40 % dans les bureaux de plusieurs centrales, à la faveur de récentes élections. Le syndicat de généralistes MG France compte depuis début décembre quatre femmes sur les onze membres de son bureau national, dont l'une, le Dr Margot Bayart, est la première vice-présidente aux côtés du Dr Jacques Battistoni. Surtout, le syndicat a adopté une nouvelle règle de parité pour toutes ses instances applicable dès à présent.
Depuis son renouvellement en décembre 2016, le Syndicat des médecins libéraux (SML) compte de son côté un tiers de femmes au sein de son bureau, composé de 15 médecins. Deux d'entre elles, les Drs Sophie Bauer et Christine Bertin-Belot, sont secrétaires générales. Enfin, la Fédération des médecins de France (FMF) remonte un peu la moyenne, avec quatre femmes sur dix membres du bureau, dont deux arrivées lors de la dernière élection du bureau en octobre dernier, le Dr Catherine Gindrey et le Dr Dominique Thiers-Bautrant.
« Ronron de traditions »
Au sein du BLOC, composé de trois syndicats représentant les spécialistes de plateaux techniques lourds, les résultats sont inégaux. Si le syndicat des gynécologues obstétriciens (SYNGOF) compte quatre femmes pour onze membres, dont deux qui représentent la très féminine (95 %) gynécologie médicale, les anesthésistes libéraux du AAL n'en comptent que deux sur douze, et l'Union des chirurgiens de France (UCDF), aucune sur ses huit membres du bureau !
La CSMF ne s'en tire guère mieux, avec une seule femme, le Dr Béatrice Fazilleaud, sur 14 membres du bureau. « C'est la vice-présidente, ce n'est pas rien ! », se défend le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération. Candidat à sa propre succession le 10 mars, il assure qu'il fera « tout » pour que le bureau confédéral soit plus féminin et plus jeune, même si la totale parité lui semble encore compliquée à atteindre. « Nos organisations vivent dans un ronron de traditions entre hommes, concède le Dr Ortiz. Il faut donner toute la place méritée à nos consœurs, mais je ne suis pas pour une obligation. »
Palme d'or pour le SNJMG
À côté de leurs aînés, les structures jeunes font presque figure de bons élèves. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG), a un bureau exclusivement féminin. La présidente, le Dr Sayaka Oguchi, est entourée de trois consœurs. Six chargés de mission, dont une femme, viennent compléter le pilotage du syndicat, qui est donc paritaire. Les internes de médecine générale (ISNAR-IMG) inversent carrément la tendance : sur les sept membres du bureau national permanent, cinq sont des femmes !
Mais tous ne sont pas dans ce cas de figure. Sur dix membres, on recense trois élues à l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI), dont l'une, Marie-Coline Rubio, est chargée de l'égalité femmes-hommes. Quant aux représentants des chefs de clinique et assistants (ISNCCA), on compte au bureau une seule femme sur onze… Un ratio que ne s'explique pas le président, le Dr Emanuel Loeb, élu en décembre, même s'il note « un manque d'investissement général, chez les hommes comme les femmes ». « Une meilleure représentation est souhaitable, notamment pour avoir plus de retours sur des sujets comme le harcèlement », souligne le Dr Loeb, qui espère que l'exemple des élections ordinales (voir page suivante) permettra « de faire sauter le plafond de verre ».
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