« La boue, la poussière, le bruit des engins ne sont pas des contraintes, mais des signes tangibles de notre volonté de faire, de notre détermination à bâtir l’hôpital de demain. Cet hôpital répondra aux défis de santé publique du XXIe siècle », s’est d’emblée félicité Julien Gottsmann, le directeur général de la Fondation Rothschild le 12 février.
À ses côtés, le ministre de la Santé Yannick Neuder a posé la première pierre de ce lieu d’excellence situé au nord de Paris, dans le XIXe arrondissement. En secteur 1, cette nouvelle structure qui doit voir le jour d’ici à 2030 appartient à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, établissement privé à but non lucratif (Espic). Le projet a réclamé un investissement 111, 6 millions d’euros, assuré en majorité par la fondation (13,7 millions proviennent de l’ARS francilienne).
Le nouveau site va augmenter de 30 % la surface de l’Institut français de myopie, ouvert en 2024 par la fondation juste à côté du chantier afin de renforcer et développer ses expertises en ophtalmologie, ORL et neurosciences. Cette opération doit asseoir les capacités de l’établissement en soins critiques, doubler la taille des plateaux d’imagerie et développer la prise en charge des pathologies tête et cou (pathologies neuro-dégénératives). Quatre blocs opératoires high-tech seront créés, permettant d’augmenter de 40 % le nombre de patients pris en charge en chirurgie ambulatoire.
Les plateaux d’imagerie seront doublés (8 IRM) et le nombre de lits de réanimation augmentés de 50 %. Seront créées 21 nouvelles chambres individuelles, un pneumatique pour les transports internes de prélèvements de biologie et de médicaments. Quatre cents recrutements sont prévus d’ici 2030.
Enfin, un partenariat de recherche vient d’être signé avec Meta sur le décodage neuronal du langage doté d’une première tranche budgétaire de 2,2 millions de dollars.
La proximité, plus importante que l’IA
Sur les difficultés d’accès aux soins, le maire François Dagnaud reconnaît que « le XIXe arrondissement est le seul territoire parisien comme étant reconnu à risque de désertification médicale : il est essentiel de montrer qu’une offre de santé d’excellence peut trouver un point d’appui ici dans ce territoire populaire ». L’attention est portée par la mairie à ce public qui « faute de relations sociales, de moyens financiers aura plus de mal que d’autres à accéder à une offre de soins ».
Quand le ministre de la Santé Yannick Neuder a pris ses fonctions le 24 décembre, il avait alors insisté sur l’accès aux soins dans tous les territoires, mais en pensant aux plus distants des villes. « Les déserts médicaux ne sont pas que sur des territoires ruraux éloignés, corrige-t-il désormais. L’accès aux soins est une vraie question d’aménagement du territoire. » Et d’insister : « Il faut d’abord répondre aux besoins primaires du quotidien, tout ne passe pas par l’intelligence artificielle. »
(*) De gauche à droite : Sophie Martinon, DGA de l’ARS île de France, Julien Gottsmann, directeur général de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, Yannick Neuder, ministre de la Santé, Ariane de Rothschild, présidente du conseil d’administration de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, François Dagnaud, maire du XIXe arrondissement
L’Institut français de myopie fait sa mue
L’Institut français de myopie a pour objectif la prévention des complications de la myopie et leur prise en charge. Sa première mission est de permettre à la France d’enrayer l’épidémie de myopie chez les enfants en éclairant la décision publique par des données épidémiologiques et de recherche. L’établissement souhaite aussi définir de nouveaux standards de prise en charge pour la myopie forte (10 % des myopes), facteur aggravant et prédisposant à des pathologies graves, glaucome, décollement de rétine, macula… L’institut a pour ambition de prendre en charge 30 000 patients par an, dont 80 % de patients participeraient à la recherche. Plus de 2 000 enfants et jeunes adultes intégreront des cohortes.
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